Je déteste les enfants.

De leur première sortie alienesque des entrailles d'une femme hurlante a la mort jusqu'à l'âge ou ils apprennent enfin a pouvoir garder poliment a l'intérieur d'eux même leurs fluides corporels, ils me terrifient, peut être plus que tous ce que le cinéma d'horreur a pu inventer ces dernières décennies, vampires, loups-garous, zombies, parce qu'a leur inverse, les enfants existent, et que les croix et l'eau bénite ne leur font rien. Bien entendu, je n'irais pas jusqu'à dire que je leur veux du mal, ce qui risquerait d'attirer sur moi l'animosité des foules "bebéphiles", mais si l'occasion se présente de mettre quelques individus entre eux et moi, peut être même un mur ou une route un tant soi peu fréquentée, je n'hésite pas une seule seconde.

Malheureusement, il m'arrive de temps a autres d'être obligé de faire exception, tel ce jour, ou, dans l'ascenseur de mon immeuble, quelqu'un me jeta par surprise son enfant au visage le temps de répondre a son portable.

S'il n'y'avait pas eu l'espace réduit de la cabine, j'aurais très certainement fui. Chose que le nourrisson, après quelques seconde sur ma poitrine, n'hésita pas a faire avec un sourire béat histoire d'arroser notre première rencontre...

-Il ne fait pas ca avec tout le monde, vous savez. Quand il fait ca, c'est qu'il vous aiment bien, me lança finalement cette voisine au moment de reprendre sa progéniture, comme si l'information devait a jamais embellir mes heures a venir...

Car tel est l'aveuglement de certains parents : quel que soit la substance infâme qui puisse s'échapper de leur enfant, centre de l'univers, ils trouvent ca mignons...

Ce jour là, j'ai perdu un tee shirt Iron Maiden que je portais depuis l'âge de 13 ans. Il avait survécu a plus de 15 soirées pogo, a ma première petite amie qui avait tenté de se l'approprier pour en faire une chemise de nuit, et aux vingtaines de tentatives de déportation vers les friperies d'Emmaus planifiées par ma mère, décidée a renouveler ma garde robe. En vérité je vous le dis, la non-étanchéité d'une couche a décoration Babar fut fatale a peut être la seule relation affective un peu honnête que j'ai jamais partagé avec un vêtement. Ce texte t'est dédié, Eddy, tu me manque...

Moi aussi madame, j'aime les enfants, envisageais-je un temps de dire, alors que les portes se refermaient sur moi. Avec des fèves aux beurre et un excellent Chianti.

Donc, disais-je, je n'aime pas les enfants. Ce fait maintenant établi, me direz vous, que faisais-je alors là, perdu a 4 pattes dans le rayon des livres pour gamins de cet Intermarché de Seine et Marne ?

Et bien, comme en toute chose, il est des exceptions. Je déteste les comédies romantiques, mais il y'a You've got a Mail, avec Meg Ryan, la plus belle femme du monde. Je déteste le gras de la viande, mais il y'a les nounours Haribo, faits a partir de gélatine animale. Je déteste les enfants, mais il y'a Christa, dont je soupçonne qu'elle soit un peu des deux.

Fille aînée d'un de mes anciens amis de lycée, Christa fut la première de ces petites choses gigotantes pour qui, malgré moi, je développait un sentiment diffèrent de l'usuelle envie qui était la mienne de courir me réfugier dans le jardin et de m'armer d'une pelle, juste au cas ou la chose bambinesque ne parvienne a ramper jusqu'à moi. Demain les Monstres, me direz vous...

Retour sur le passé, 7 ans auparavant, L'Antéchrist Britney commence seulement a rassembler ses adeptes maléfiques.

A une époque ou l'enfant se trouvait encore en couche culotte, il me fut un soir rapporté par ses deux parents un phénomène étrange, que personnellement, occupé a surveiller toute sortie de substance possible, je n'avais pas eu l'occasion de remarquer vraiment : Christa, pourtant réputée bruyante, n'avais jamais crier avec moi, s'endormant même souvent sur mes genoux sans que j'ai besoin de faire appel au flacon d'Ether qui par sécurité ne me quittait jamais. Ajoutez a cela que la Belle Maman Cruella D'enferesque de mon ami, sur laquelle l'enfant se la jouait généralement vomi option exorciste a la moindre tentative d'approche me détestait (et me déteste encore) cordialement, et vous comprendrez rapidement pourquoi des les mois qui suivirent, je devenais malgré moi "Tonton", et accessoirement baby sitter officiel de la famille (a un prix défiant toute concurrence).

Plus tard, a l'approche de son 6eme anniversaire, cette insupportable gamine aimait Scoobidoo, les Shammalow, et manger des craies de dessins pour baver en couleur sur les draps propres de sa grand-mère (3 loisirs que j'encourageait en secret). Aussi, lorsqu'elle me demanda un après midi, devant une de mes cassette de Jem & les Hologrammes, de lui offrir pour le grand jour un album de coloriage du grand Chien Hippie, je me mettais immédiatement en recherche.

C'est ainsi que je me retrouvais 15 jours plus tard a 4 pattes dans les étagères les plus basses de ce rayon livres pour enfants, sous le regard amusé d'un groupe de vendeurs secrètement hilares, et ne disposant plus pour ma recherche que de quelques heures, la date fatidique du repas en famille approchant a grands pas.

Telle fut ma rencontre, en ce lieu improbable, d'un strip qui allait bouleverser mon petit monde culturel du moment.

Psychopark.

Oubliant complètement les raisons de ma présence première en ces lieux, je dévalais l'escalier automatique jusqu'à la caisse, et payait, sous le regard suspect de la vendeuse, ma petite trouvaille. Dans le bus, en route vers mon Canapé, je ne relevais les yeux qu'a deux reprises. Pour le contrôle des billets, et pour éviter, 30 secondes plus tard de me faire molester par ce Schwarzenneger de transport en commun, agressif et fraudeur, jouant au flipper entre les sièges avec la tête du contrôleur qui s'était permis de lui demander de sortir.

Je descendais finalement a mon arrêt n'oubliant pas de laisser au conducteur les gencives de son malheureux collègue récupérées sous un siège.

Allez, 30 seconde de sérieux.

De son nom original Liberty Meadows, Ecrit et dessiné par le Talentueux Frank Cho, Psycho Park fait partie de ce genre particulier d'expression graphique que l'on nomme "daily comic strip" , bande dessinée en 3 ou 4 cases paraissant quotidiennement dans les journaux, et a qui Charles Schultz a donné ses lettres de noblesse avec Peanuts (Snoopy, pour les incultes, et pour ma meilleur amie Chloé qui crois encore que Johan et Pirlouit est une reconstitution historique) Néanmoins, toute comparaison avec le Patriarche du genre s'arrête là, Cho est ailleurs, dans une galaxie très, très lointaine...

Résumé de l'histoire : Au sein d'une clinique pour animaux malades, plusieurs thérapeutes et bebetes tentent tant bien que mal de vivre en bonne entente.

Mêlant habilement le trait Cartoon des animaux et le dessin plus réaliste des héros humains a la façon d'un Wally Wood moderne, Cho nous livre, entre deux délire Tex Avery et hommages a la Pop Corn Culture, une chronique subtile des amours meurtris et frustrés de Frank, Geek américain trentenaire pour la splendide Brandy, et de leurs démêlés a tous deux avec les animaux cinglés confiés a leur responsabilité.

De la même façon que Dilbert (parfois present en guest Star) parle plus particulièrement aux employés de Bureaux, Liberty Meadows est un strip pour le Loser qui sommeille en nous, fan de comics, de Science Fiction, et a l'amour propre plus ou moins meurtri par des années de manque de confiance en soi. Car Cho, avec cette série, ne se contente pas de nous raconter la vie du nerd façon américaine qu'il sait exister en lui, et des bebetes qui lui pietinent l'aorte, il nous propose aussi un Univers, a l'image de celui de Kevin Smith, ou chaque détail, chaque plaisanterie, et presque chaque événement est un clin d'œil a un film, un comics, une série télé ou une expérience personnelle connue de tout fan. Ainsi reconnaîtra t'ont au détours d'une page une référence a Slider, Bip Bip & Will Coyote, Star Wars, Star Trek, Flash Gordon, et même parfois quelques inspirations plus obscures, telles que The Crying Game, les Sturmtruppen de Bonvi, George Romero, Gilligan Island ou Lee Falk.

Pur bijou d'humour et d'intelligence, garanti 100% fou rire a chaque planche, Liberty Meadows, Psychopark, est l'achat obligatoire a faire une fois les factures finalement payées et le frigo rempli. A conseiller plus particulierement en Version Originale, présente dans tous bon Comics Shop.

Hey, attend voir une minute, mec, me demanderez vous, pourquoi nous as tu parler si longtemps de ta "nièce" Christa si c'etait finalement pour ne causer que de Liberty Meadows ?

Parce que, le soir meme de son anniversaire, n'ayant finalement pas trouvé de cadeau convenable, je lui offrais par désœuvrement une pochette de machins a gratter de la Francaise des jeux, et que, sur le 2eme des 3 tickets millionnaires, se trouvais 3 télévisions ...

Je déteste vraiment les enfants...

 

Pour plus d'infos: http://www.libertymeadows.com

Laissez un message de ma part, histoire de bien mettre dans la merde le fan pirate que je suis :D