Le Carnage...par Sunder

 

 

-Fenris, lâche le !!!

Cet homme, sous la gorge de qui leur compagnon maintenait fermement son couteau de chasse, s'appelait Roger Anderson, et leur avait offert le couvert et le logis ces deux derniers jours. Dans toute la ville, des flèches peintes sur les murs et le bitume les avaient dirigés vers son quartier, puis vers sa maison.

Il les avaient acceuillis a bras ouverts, sans leur poser aucune question. Buster et ses compagnons etaient les premiers survivants qu'il ai vu en 27 jours...

Ces 48 dernieres heures, pour la premiere fois depuis des mois, Fenris, Buster et Russel avaient dormis dans un lit fait du matin, et mangés des legumes du potager preparé a leur intention. Ils avaient ris, chantés et bu plus que de raison le premier soir, plus qu'il n'avait fallu pour faire de l'ancien commercant en retraite un ami, et plus important, une personne de confiance . Buster avait proposé a Roger de se joindre a leur periple, conscient qu'apres leur depart, le vieil homme se retrouverais de nouveau seul.

Apres 24 heures passé a peser le pour et le contre, il avait finalement dit oui. Une place avait alors eté degagée a l'arriere de la voiture. Ces 12 dernieres heures, le vieil homme avait fait ses paquets ici et là, laissant ses futurs compagnons profiter des derniers instants de paix dans cette maison qu'il s'apprêtais a abandonner.

Retour au present, la minute en cours. Buster croise le regard de Russel, dans l'angle de la piece. Il sais immediatement a quoi s'en tenir avec son autre compagnon...

L'ancien employé de banque respira profondement, essayant de rester calme, de ne pas ceder au crescendo inexorable de l'Hysterie collective. Desormais, lui seul faisait la difference entre la vie et la mort du vieux Survivant. Tous, en dehors de lui, avaient deja decidés de son execution.

-Fenris...Pose cette lame...Il y'a surement une autre solution...

-Je crois pas, non...

Le Blond, en proie a la colere, n'ecoutait helas plus depuis longtemps. Roger, etranglé, une lame d'acier inoxydable sous la gorge, pleurait a l'en rouiller, en total etat de choc...

-P...Pitié...

Dieu du Ciel...

Deux jours qu'ils etaient là...deux jours qu'ils ne se posaient pas de question, trop contents de pouvoir faire une pause dans leur errance... trop contents de pouvoirs gouter a des couvertures fraiches, et a des petits pois maison, et a un petit vin des vallées californiennes bu dans des verres propres.

Bien sure, Roger leur avait bien dit avoir rencontrés d'autres survivants, mais tous etaient repartis, fin de l'aventure.

Le Vieil homme ne voulant pas en parler, tous avaient respectés son choix. Je peux réavoir un peu d'omelette aux œufs frais s'il vous plait ?

Seul Fenris avait eu un doute sur son histoire.

-Lache le, tenta une derniere fois Buster, sans conviction...Tu crois pas qu'il y'a eu assez de mort ?...

Pour toute reponse, Fenris reaffirma sa prise, et placa son couteau de chasse sur la carotide du vieil homme. Buster ferma les yeux.

Putain de merde…

Seul ce taré de New Yorkais avait eu un doute sur les raisons qui poussaient le vieil homme a les eloigner de la cave.

Seul Fenris avait eu la curiosité de s'y aventurer.

Le hurlement, puis les cris de douleurs provenant du sous sol avaient reveillés Buster et Russel, et les avaient, en moins de quelques battements de coeurs, propulsés dans l'escalier.

C'etait il y'a deux minutes.

Leur premiere vision avait eté celle de Roger, au sol et saignant, un revers de metal lui ayant tranché le visage en deux. A l'aspect de sa paupiere, l'homme avait perdu son oeil gauche dans l'attaque. Il hurlait, de desespoir peut etre plus que de toute autre chose.

Venait ensuite Fenris, au dessus de lui, son couteau de chasse a la main, trempé d'un Rouge sans équivoque. Ses pectoraux, barrés de la croix gammée que tous connaissaient, battaient au rythme de ses tempes, alors que le Carnage semblait s'etre emparé de lui une nouvelle fois.

Il avait fallu a Buster quelques longues seconde pour comprendre... Suivant le regard de Russel, petrifié d'horreur, il avait finalement levé les yeux vers le fond de la cave, trop faiblement eclairée...

L'adolescente attachée au mur ne devait pas avoir plus de 12, ou 13 ans. Nue, terrorisée, accroupie dans ses propres déjections, les menottes qu'elle portait aux poignets avaient dechirée sa peau en plusieurs endroits, preuve qu'elle avait tenté de s'en defaire, desesperements, a plusieurs douloureuses reprises. Un bleu deja ancien gonflait encore sa paupiere gauche, alors que d'autres, plus frais, coloraient son cou et sa joue droite. Son ventre et sa poitrine etaient marqués de tant de brulures de cigarettes qu'il n'essaya meme pas de les denombrer.

Buster ferma les yeux une nouvelle fois, et tenta de faire taire son imagination. L'odeur de sang, d'urine, de...douleur..., emplissait la piece...L'enfant, baillonnée, ne pouvait pas hurler qu'on la libere. En aurait t'elle eu la force, de toute facon ?

Articulant du mieux qu'il pu, Buster Brown tenta de garder la raison. Quoi qu'il arrive, il devait rester raisonnable...Meme si pour cela il devait faire taire ce que lui hurlait tout son etre.

-Fenris...Laisse le parler. Laisse lui une chance de s'expliquer...

Le nazi ricana, ou tenta de le faire, deja pret a en finir.

Quelques secondes passent, longues, tres longues secondes... Finalement, Fenris abaisse legerement son arme.

Alors que l'ancien Skinhead desserre sa prise a contre coeur. Le vieil homme bredouile finalement, entre terreur et honte.

-J...je me croyait seul...Tout le monde etait mort, il faut me comprendre...Lorsque je l'ai vu, que j'ai vu que je n'etait pas le dernier survivant...A...apres, quand j'ai vu les autres, il etait trop tard....Je ne pouvais plus la liberer, il auraient su...

Le Present…Buster rouve les yeux. Roger releve la tete vers lui, et croise son regard...

-Bon sang, comprend moi, Buster...Je ne pouvais pas rester SEUL !!!

Le Present. L'enfant, derriere eux, commence a se reveiller, gemissante de douleur. Buster, decouvrant finalement le sang depuis longtemps seché entre ses cuisses, abandonne la raison pour la seconde fois de sa vie.

-Fenris, tue moi ce type, le pris de vitesse Russell...

Dans un grognement de pur plaisir, le Skinhead trancha dans les chairs du vieux survivant, qui tombant au sol, etouffant, chercha un peu de cet air que le sang desormais empechait de rejoindre ses poumons.

Quelques secondes plus tard, il etait mort.

Fenris et Russel libererent l'enfant, qui tomba en sanglots dans les bras de son sauveur...

Buster, quand a lui, remonta vomir sans un mot, arrivant par miracle jusqu'à l’evier de la cuisine.

Par la fenetre, la vue sur la rue, uen banlieue paisible, abandonnée de l'homme depuis longtemps.

99% de la population Humaine etait morte, trois mois auparavant. Leurs cadavres jonchaient encore les rues, l'odeur cuivrée du sang partout, le parfum de decomposition omnipresent, la nouvelle senteur du monde. La Terre entiere etait devenue le paradis des mouches, des Asticots, et des chiens sauvages.

Que Dieu le protege, jamais il ne parviendrait a s'habituer au Carnage.

****

Les Paysages de campagnes americains, palette d'ocres , de roux, de jaune et de vert, Arc en ciel des premiers instants de l'Automne. Et au sol, le carmin seché, noirci, du sang humain déversé.

150km les eloignaient desormais de l'Ohio, les Routes du Michigan sous leurs roues. Russel au volant, Buster sur sa gauche, plongé dans les cartes routieres, Fenris les suivaient sur sa moto, alors que leur nouvelle protegée, endormie sur la banquette arriere, gemissait lourdement, en proie a ses demons personnels...

-Elle reve encore, soupira Russel.

-Je sais.

-Tu crois que c'est un cauchemars ?

Buster manqua de sourire. Des semaines sous la domination d'un malade mental, frappée, violée, humiliée, mutilée, reduite a l'impuissance, et au desespoir le plus total...Il n'eu meme pas a repondre.

Bien sure qu'il s'agissait de cauchemars...

Dans un geste de colere, Russel frappa le tableau de bord, faisant sursauter l'enfant dans son sommeil.

-Quel enculé...cette mome a pas 13 ans...

Buster acquiesca tristement. Qu'aurait t'il pu rajouter a ca ?

La moto de Fenris les doubla, leur indiquant une route secondaire...

-Je crois que notre copain le Skinhead doit s'arreter faire le plein, Buster....

-Je comprend pas bien pourquoi il a tant insisté pour passer par le Michigan...

-On est en Octobre, Cousin...Le froid conserve la charogne, en passant par le nord, on s'evitera le trip viande froide sous le soleil et odorama morbide qu'on a eu en Pennsylvanie...

Apres quelques centaines de metres, Fenris commenca a ralentir, a l'approche d'une petite station service.

Posant pied a terre, le Nazi se prepara a entrer son fusil a canon scié a la main, pour inspecter les lieux. Passant la porte, il leur fit signe de se garer plus loin.

A son tour, Russel s'arreta, degainant sa propre arme. Lorsque Fenris revint, ils le retrouverent face aux pompes a essence.

-La Nuit va tomber dans quelques heures, lanca t'il.

-Tu veux qu'on s'arrete pour ce soir ?

-La station a des dependances, et un groupe electrogene, Buster. Le magasin regorge de piles et de lampes, de bouffe, de boisson, et en plus, pas un cadavre a l'horizon... on va faire le plein de materiel, on sais pas ce qui pourrait nous arriver dans les jours a venir, et j'ai comme un presentiment de galere. J'ai reperé une remorque , dans l'arriere cours, on va balancer ma becane dessus, et voir si on peux pas s'embarquer le groupe electrogene...Des questions ?

- Je crois pas, non, lanca Russel, le sourire aux levres.

-Tu te charge de regarder pour le groupe electrogene, Martin Luther ?

-Pas de probleme, Adolf.

Pendant une courte seconde, et comme a chaque fois que Russel et Fenris venaient a plaisanter de cette etrange facon, Buster eu un leger sentiment de malaise...Qu'aurais pu dire son pere, libertaire et libre penseur, de leur association ?

Le Destin aurait t'il pu concevoir plus etrange trio que le leur, meme en ces circonstances ?

Un Noir de Boston, musicien, mecanicien...

Un Skinhead New Yorkais, qu'on aurait presque pu croire directement echappé d'American History X...

Et lui meme finalement, petit employé de banque sans envergure, ayant survecu au Carnage par chance...

Etait ce moral que leur petite troupe fonctionne aussi bien ? La necessité de survivre excusait t'elle tout ?

La main de Fenris sur son epaule le tira de ses interrogations philosophiques. Au regard de son compagnon, Buster su qu'il avait recommencé a parler tout seul...

-Buster, tu t'occupe de la Bouffe, ok ? Essaye de privilegier les denrées qui peuvent se conserver longtemps. Je vais aller installer la gosse dans un vrai lit, a l'etage...

-Faudrait penser a refaire ses pansements, Fenris...

-Faudrait arriver a trouver un hopital, surtout...l'etat de sa jambe gauche ne me plais pas...

Silence...L'image de Derek, hurlant de douleur, revint en memoire a Buster. Il frissonna d'horreur.

-Tu...tu crois qu'il va falloir l'amputer ?

Silence, de nouveau...Cette fois, c'est Fenris qui ne parle plus. Relevant la tete, pourtant, il sourit a son ami sans réelle conviction.

-On va deja nettoyer les plaies, et essayer de suturer. Apres, on verra.

-Il lui faudrait un chirurgien...

-Ouais, lacha Fenris, etouffant un rictus deprimé. Et aussi une infirmiere, et peut etre un anesthesiste…Sauf que tu vois, des gnes comme ca, y'en a plus des masses depuis la fin du Carnage...

*******

Comme souvent, Buster ne parvenait pas a dormir...Pour qui avait passé sa vie dans une maison emplie d'enfants, entre freres, soeurs, cousins, neveux et nieces, le silence du Monde pouvait aisément paraître insupportable désormais. Incapable de rester coucher, il s'empara de sa lampe de poche, et se decida a descendre au magasin trouver de quoi se detendre...

Le dernier episode d'Amazing Spider Man entre les mains (le DERNIER, litteralement pensa t'il, peu de chance que le Staff editorial ai survecu dans son entier au Carnage et entrepris de travailler sur le prochain numero...), assis face a la fenetre, un paquet de cacahouettes chocolatées a ses cotés, le jeune homme n'entendis pas arriver derriere lui Russel, perdu qu'il etait dans l'observation quasi hypnotique de le route.

-Tu espere voir passer une voiture, Buster ?

-C'est pas si improbable que ca. Ici aussi il y'a du avoir des survivants...

-Peut etre, oui...On verra ca demain, en allant en ville. En attendant, tu devrait dormir.

-J'y arrive pas. Je dormirais dans la voiture demain, au pire.

-Comme tu veux. Tu nous a trouver quoi d'interessant ? Nourriture, lumiere ?

-Piles, lampes de poches, j'ai fait le plein de ce coté là... J'ai recuperé des boissons, de la viande sechée, des soupes deshydratées... Faudra faire de la place dans le coffre, reorganiser la galerie...

-On va avoir de la place, avec la remorque.

-Dans ce cas, je propose qu'on se prenne quelques bidons d'essence...

-Fenris a deja pensé a ca.

-J'm'en serait un peu douté...

Tous deux sourirent...Fenris pensait toujours a tout...

-Comment va la gamine ? demanda Buster.

-J'ai eté regarder ses bandages, c'est ce qui m'a fait me lever. Adolf a fait du bon boulot. Je trouve meme ca un peu flippant qu’il soit aussi balaise en medecine, maintenant que j’y pense…

-Elle a toujours pas dit un mot ?

-Elle est peut etre muette.

-Roger ne l'aurait jamais baillonnée, dans ce cas là.

-On sais pas ce qui a pu passer dans la tete de cet enfoiré...

Buster regarda Russel, et se demanda jusqu'a quel point son ami pouvait parvenir a croire veritablement en ce qu'il venais de dire... D'eux trois, Russel etait celui qui avait le plus de mal a imaginer qu'on pouvait faire le mal sans etre pour autant fou a la facon hollywoodienne...Parfois, Buster enviait desesperement l'innocence de son ami, et s'inquietait d'autant plus du jour ou il viendrait a la perdre...

-Il la violait, la frappait, mais soignait ses plaies, murmura t'il. Je sais que c'est rassurant de s'imaginer qu'il etait completement dingue, Russel, mais a mon avis, s'il l'avait baillonnée, c'est qu'elle est capable de hurler, donc, par pure logique, de parler.

Silence...

-Tu crois a un truc genre traumatisme, alors ?

-Peut etre.

-Le soleil va bientot se lever...

-Oui...

-On reveille Fenris, histoire d'aller voir la ville rapidement ?

-Laisse le dormir, pour une fois qu'il y arrive. Fait nous penser qu'il faudrait qu'on se trouve une epicerie, tant qu'on y est. Nos reserves de conserves commencent a baisser. C'est bien joli les proteines et le sucre, mais je mangerais bien des haricots en boites…

-Je comprend pas qu'on fasse des reserves...Le monde est devenu un immense libre service, je te ferais remarquer. C'est comme ces lampes a petrole que toi et Fenris avez recuperés dans le New Jersey...

- On a deja eu cette discution, Russel...Vaux mieux l'avoir sous la main que le chercher en urgence le moment venu.

-Vous avez trop regarder la Nuit des Morts Vivants, c'est ca que je dit, moi.

Buster sourit, et prefera ne pas repondre, victime des premices de la fatigue. Se levant, il se dirigea vers ce qui avait eté, du temps de la déesse electricité, des armoires refrigerées. Il en tira deux canettes de lait chocolaté sous vide, et en lanca une a son compagnon.

Lorsque des bruits de pas se firent entendrent dans l'escalier de l'etage, il en attrapa une troisieme.

-Fenris est levé.

-Heu...non, je crois pas...lanca Russel, quelque chose de différend dans sa voix.

Buster se retourna, et sourit a la nouvelle venue.

-B...Bonjours...

Russel, complice, jeta un oeil a son compagnon.

Effectivement, elle n'etait pas muette...

*************

-J'etait Employé de banque, guichetier...Je vivait chez mes parents. Selon toute vraisemblance, j'ai eté parmis les premiers a sombrer dans le Carnage, parce que mon pere et mon frere Steven m'ont assommés, et enfermés a la cave. Apres, je n'ai plus de vrais souvenirs, je sais que je me suis reveillé 10 jours plus tard, et que j'ai mis presque 12 heures a arriver a forcer la porte.

-Tu es le seul survivant de ta famille, Buster ? osa Cassandra.

-Oui, a part mon frere Derek...Lui est mort 2 semaines plus tard, une gangrene qu'on n'a pas pu soigner...

-Beaucoup de Survivants sont mort de leurs blessures dans les premieres semaines, Cassandra, continua Fenris...Tant qu'on parle de ca, ta jambe, ca va ?

L'adolescente grimaca. Perssonne n'etait dupe, mais elle leur fit son plus beau sourire, comme si tout allait le mieux du monde.

-Fenris, ta delicatesse me tuera, tu sais, se moqua Russel, finissant sa platrée de haricots blancs.

-J'ai mal, mais je marche, assura t'elle...Comment vous etes vous rencontrés, tous les trois ?

-Fenris m'a recuperé a Starlton, debuta Russel, pendant qu'il remontait sur Boston. Ma copine etait morte, mes parents aussi, certainement, et j'avais pas vu un seul survivant viable depuis la fin du Carnage...Je te raconte pas le choc quand je me suis retrouvé face a un Skinhead en pleine santé, un fusil a pompe a la main...

Tous deux sourirent, complices. Maintenant que le monde etait mort, les vieilles querelles n'avaient plus cours...

-Quand a Buster, repris Fenris, on l'a récupérés deux semaines apres la mort de son frere...On l'a aidé a enterré les dernieres personnes de son quartier, puis on l'a embarqué. Si on l'avait ecouté, on etait parti pour rester 6 mois, a creuser des tombes pour la ville entiere...

-Vous avez rencontrés d'autres survivants ?

-Quelques uns, continua Buster. De moins en moins, depuis quelques semaines...

-Il y'a une raison? osa la jeune fille peu certaine de vouloir veritablement connaitre la reponse.

-Suicide, lanca Fenris, sans la moindre trace d'humour. Lorsque tu te croit seul survivant d'un monde, et que tu as les cadavres de toute ta famille a tes pieds, tu reste pas longtemps vivant.

-Il y'a aussi l'auto destruction, continua Russel. Notre petit Adolf adoptif a une theorie, selon laquelle, dans les derniers instants du Carnage, beaucoup de gens on retournés leur folie meurtriere contre eux meme, faute de..."d'ennemis" a combattre...Ceux que ca n'a pas tués sur le coup, les blessures y sont parvenu au bout de quelques semaines...

-Je compte ca comme suicide, Russel...Resultat, pas beaucoup de survivants...

-On en a croisés 25 en 2 mois, conclu Buster. 26 en te comptant.

-Oh...

Sans un mot, Cassandra revint a sa canette de coca, le regard vers le sol...

-Ce n'est pas beaucoup...

-Non, ce n'est pas beaucoup, ricana Fenris, terminant sa propre boisson.

Pendant une seconde, la petite fille hesite...

-Et...vous avez croisez...beaucoup de femmes ?

Russel et Buster, sans trop comprendre, echangerent un regard perplexe, etonnés par la question. Fenris, quand a lui, eclata de rire...

-Ne t'inquiete pas, gamine...T'est pas le dernier espoir de l'humanité...

*******

Endormie sur le siege arriere de la voiture, Cassandra, comme chaque nuit depuis sa liberation, se reveilla en pleurs, en proie au souvenir de Roger. L'homme lui avait fait mal, mentalement et physiquement, comme jamais elle ne l'avait cru possible. Les souvenirs de ces souffrance, cicatrices defigurant son ame encore jeune, l'empecheraient de dormir en paix encore longtemps a n'en pas douter.

Comme chaque matin, ces derniers jours, son regard s'affola inconsciemment, cherchant a localiser ses nouveaux amis, effrayée a l'idée qu'ils ne soient qu'un reve, et elle encore la prisonniere du vieil homme, et de ses pulsions sadiques.

Heureusement, cela n'etait pas le cas.

Sur sa gauche, l'une des tente etait deja eclairée, malgrés l'heure matinale...Fenris, comme souvent, ne dormait pas.

De la tente de gauche, ou dormaient Russell et Buster, lui parvenaient les pires ronflements qu'elle n'ai jamais entendu depuis ceux de son pere. Elle se demanda un moment lequel des deux pouvait arriver a produire de tels sons, puis Buster eleva la voix, ralant contre le bruit de son camarade de Chambré.

Tous avaient etés tres gentils avec elle. Fenris ne voulant pas passer en ville ces derniers jours pour recuperer une tente, ils l'avaient laissée dormir dans le camion, au chaud, s'assurant au maximum de sa securité. Par beaucoup de cotés, ils etaient devenus sa famille...

Avant de quitter la ville, Buster et Russel avaient recuperés le plus d'affaire a elle chez Roger. Elle avait vecu a ses cotés 3 semaines, avant qu'il ne devienne fou. Les photos de ses parents, de son frere, son nounours...Assez de vetements pour tenir plusieurs jours... Elle aurait voulu repasser chez elle au moins une fois, mais peut etre etait ce mieux de laisser son ancienne vie derriere elle...Ses parents, ses amis...Elle et Roger avaient enterrés leurs cadavres...C'etait deja une bonne chose...

Ce matin, le Trio allait en ville, chercher de la nourriture, de l'eau, et differentes affaires. Ils avaient passés la soirée d'hier a lui expliquer, calmement, ce qu'elle risquait de decouvrir, au sein des grandes villes...

Une des raison pour lesquels, tout au long de cette semaine, Fenris avait tout fait pour eviter les zones de fortes population. Là bas, le mot Carnage prenait vraiment un sens...Fermant les yeux, Cassandra respira l'air du matin, alors que le soleil, sur l'horizon, se levait a peine...

Au dela de l'odeur des forets, des herbes, des branchages... L'odeur de mort, de milliards d'etres humains tombés l'un contre l'autre pendant le grand Carnage, et pourrissant sans sepultures...

Comme repondant a son appel telepathique, Fenris tapa a la fenetre de la portiere, lui souriant.

Comme chaque matin, elle ne l'avait pas entendu arriver.

-Debout, gamine... Le Monde appartient aux gens qui se levent tot.

Pendant une seconde, elle le regarda s'eloigner, incapable de savoir s' il plaisantait ou non.

****

Interlude

Comme chaque matin, Helen l'avait secouée au moment de se lever, ce qui n'avait eu pour seul effet que de le replonger plus intensement dans la securité de ses couvertures. Ce jeu durait entre eux deux depuis maintenant 6 mois, depuis leur installation dans ce studio miteux du Centre ville qu'ils s'etaient decidés a partager apres deux années d'attente. Doucement, Russel glissa vers la moitié du lit encore chaude de sa petite amie, et les yeux fermés, en respira le parfum. Helen sentait bon le sommeil, pensa t'il, son parfum preferé apres celui du café frais montant du coin cuisine. Repoussant les couvertures sur ses pieds, il se prepara mentalement a se lever, deja impatient du premier baiser du matin et du gout de la confiture de groseilles sur les levres de la femme qu'il aimait.

La vie est belle, pensa t'il, se questionnant a peine sur les hurlements etranges venant de la Rue.

****

 

Russell tourna la clef de contact, et descendit du camion.

-Bienvenue a Scritching Point, Michigan...5000 habitants BC...

-BC ? demanda Cassandra.

-Before Carnage, repondit Buster, lui tendant un pot de camphre. Met toi de ca sous les narines, si besoin. Te force pas a rentrer dans un endroit si tu peux pas, et suit moi de pres. Si tu te sent mal, on te ramene au camion, t'as aucune honte a avoir.

-J'assurerais, lui lanca t'elle, un air de defi sur le visage.

Derriere eux, Fenris arma deux fusils a pompe, et en tendit un a chacun de ses deux amis.

-Te tire pas dans le pied, Buster…

-Ha ha ha, ironisa ce dernier, verifiant en douce la securité de l'arme…

La collecte commencait.

Depuis plus d'une semaine qu'ils evitaient soigneusement les anciens domaines urbains, a vivre entre garcons, Buster et les autres avaient fini par oublier la necessité de certaines choses, pour leur survie...

Medicaments, vetements, livres...Eau potable...Armes...

Le fusil au bout du bras, Russell entra dans la pharmacie.

Sa liste etait precise: De la Gaze, du desinfectant, et des antidouleurs pour Cassandra. De l'aspirine pour Fenris, ainsi que quelques produits dont tous ignoraient, si ce n'etait celui ci , leur utilation precise. Enfin, de la ventoline pour lui meme.

Buster, comme souvent, ne demandait rien.

Dans la reserve, il inspecta avec patience chaque etiquette. Certains des inhalateurs etaient encore valables 5 ans.

Il les empocha. Dans son sac, se trouvait deja 17 tubes...

Passé cette date, il lui faudrait trouver autre chose pour continuer a respirer... La ventoline etait certainement tirée d'une plante, il lui faudrait faire des recherches, un de ces jours et au calme...Peut etre essayer de trouver un livre, une encyclopedie medicale, meme, avec un peu de chance...

il verrait cela a Minneapolis, la semaine prochaine.

Avant de sortir, Russel recupera une peluche promotionnelle, sur une etagere. Peut etre que Cassandra aimerais ca...Quoi qu'elle soit peut etre un peu grande, hesita t'il en la reposant sur le comptoire...

Pendant une seconde, passant la porte, il reprima un rire...Sa mere avait revé qu'il devienne medecin, peut etre qu'il y viendrait, par la force des choses...

Enjambant de nouveau le cadavre sur lequel il avait failli marcher, en entrant, Russell regagna le millieu de l'avenue, dans l'attente de voir ses compagnons le rejoindre lui et leur vehicule. Un cadavre de ce qui avait eté une adolescente le fixait de son regard mort, le visage dechiré par un coup de couteau. Il detourna les yeux, et porta son attention vers l'interieur du camion.

*****

Fenris entra dans l'armurerie, et soupira.

Pillée, comme il le craignait. Au moment du Carnage, nombreux etaient ceux, pris par la folie meurtriere, a s'etre precipité tout de meme precipités avec intelligence dans ce genre d'endroit, afin de s'equiper. Il pourrait toujours fouiller la ville, bien sure, mais il n'etait pas question de s'eterniser plus que de raison. L'air etait malsain, ici, l'odeur de Charogne beaucoup trop installée...Et puis il y'avait ces marques, sur certains murs de certains quartiers, qu'il preferait eviter que les autres voient...

Finalement, par acquis de conscience, Fenris entra et decida de fouiller la reserve, sans vraie conviction.

*******

Depuis 10 minutes, maintenant, Buster, aidé de Cassandra, faisait des allées et retours entre le magasin et le camion.

Faisant fi des cadavres, un peu partout entre les rayons, de meme que de l'etalage de conserves et de legumes pourris au sol, Cassandra se chargeait de recuperer le maximum de ce qui avait eté marqué sur la liste, telle une gentille petite abeille toute courageuse. D'un oeil distrait, son ami la suivait du regard, impressionné de la voir si appliquée, malgres la douleur evidente et les difficultés qu'elle rencontrait encore a s'appuyer sur sa jambe...

-Buster, je n'arrive pas a trouver d'Alcool a Bruler.

-Pas grave, Cassandra, on verra ca ailleurs. Tout le reste sinon, pas de probleme ?

-Pas de probleme.

Il sourit, et l'invita a sortir du magasin.

Les bras chargés de bouteilles d'eau, ils retrouverent Fenris et Russel, appuyés sur le camion.

-Tu as deja fini ? demanda Buster.

-J'ai rien trouvé. Tout a eté pillé. Seul truc valable...

Sans prevenir, Fenris lanca un objet a Buster, qui l'attrapa au mepris de ses propres trouvailles.

Un Katana.

-...tient, tu pourra te prendre pour une tortue Ninja, comme ca, sembla ricaner l'ancien Nazi.

Mal a l'aise, Buster jeta un oeil a Fenris... D'un geste peu assuré, il tira la lame de son fourreau.

-Je crois pas que je saurais m'en servir, desolé.

Pour toute reponse, Fenris s'approcha de lui, le regard dans le sien, a demi hilare….

-Tu enfonce le bout piquant dans le mechant, ou tu lui tape dessus avec le coté coupant. Ca y'est, tu sais t'en servir.

Laissant son ami perplexe, devant une telle revelation, Fenris s'en alla a l'arriere de la remorque, verifier les attaches de sa moto.

Finalement, c'est Cassandra qui extirpa Buster de l'observation de l'epée, le regard inquet.

-Pourquoi vous avez besoin d'armes ?

-Par precaution. On sais jamais ce qui peux arriver.

-Vous avez deja du vous en servir ?

-Il y'a un mois, des survivants ont tentés de nous piller. On a du se defendre. Et puis il y'a les hordes de chiens sauvages aussi, qui sont pas mal non plus.

-Et pourquoi il te donne une epée ?

Silence gené de Buster.

-Je...je suis pas tres doué avec les armes a feux. Il y'a 3 semaines, j'ai tiré une balle dans sa moto par accident.

Occupé a l'arriere de leur convoi, Fenris releva pourtant la tete, entendant leur nouvelle camarade rire de bon coeur pour la premiere fois depuis leur rencontre...

****

La recolte avait eté bonne. A deux ou trois choses pret, ils avaient de quoi survivre pendant quelques semaines sans trop s'approcher des villes. A quelques kilometres maintenant de l'agglomeration, le regard sur ce qui avait eté un champs cultivé il y'a encore peu, tous profitaient de l'air pure, essayant d'oublier la charogne...

-Vous savez, ce qui me manque le plus, commenca Buster, c'est le pain. Un bon vieux sandwich au Pastrami, j'en ai un peu marre des boites...

-...un sandwich avec des cornichons...emincés...Y'avais un diner, par chez moi, sur Lincoln Avenue...

-La ferme, Russell, l'interrompit Buster. Ca sert a rien d'y penser...

-Arrete, on peux en causer...

-Pas quand j'y pense aussi, lanca son ami, un sourire aux levres...C'est un truc a ce que je te bouffe dans la nuit, ca...

-Tu devrais plutot te taper Cassie, elle est plus tendr...

Russel, sur qui ses deux compagnons venaient de poser leur regard inquisiteur, se retourna sur Cassandra, impassible, et s'arreta conscient de sa bourde. Peut etre encore un peu tot pour rire de certaines choses...

-Oh, Cass...je...je suis desolé, je suis un con...

Silence...

Finalement, la jeune fille releve la tete, souriant faiblement.

-C'est pas grave, Russel...Moi aussi je doit apprendre a vivre avec ca.

****

En fin d'apres midi, Fenris avait decidé qu'ils dormiraient de nouveau a la belle etoile. En bordure de foret, loin de toute route goudronnée, ils s'etaient garés a l'abris des surprises, dissimulés de tout regard par quelques fourrés de ronces sauvages...

Le soir venu, autour du feu et le ventre plein, la discussion s'engage...

-Prochaine etape, Minneapolis.

-C'est une grande ville, ca...murmura Cassandra, peu convaincue...

-Ouais, continua Fenris, mais il y'a pas le choix. Y'a un concessionnaire Chevrolet, notre ami negroide, ici present, aimerait recuperer un camion neuf et des pieces de rechanges...

-Autant prevoir, s'amusa Russel.

-J'adore ce camion, s'offusqua Buster. Pourquoi il faudrait en changer ?

-On verra ca sur place, accepta Russel. Mais j'aimerais bien trouver un modele plus tout terrain. Et si possible un modele sur lequel j'ai deja travaillé...

-On pourrait peut etre voir pour de meilleurs tentes, aussi, l'interrompit Fenris...voire un mobile home, si l'occasion se presente. Apres tout, maintenant on est 4, on pourrait peut etre essayer de se faire un peu de confort...

Cette fois, Russel manqua de s'etouffer de rire...

-C'est toi qui nous parle de confort ???

Le nazi ricana, sachant tres bien a quoi son ami voulais faire allusion.

-Russel, remet pas ca sur le tapis, t'est lourd...

-Imagine toi, Cassie, que la premiere semaine ou moi et Monsieur Fenris ici present avons voyagés ensemble, j'etait a l'arriere de sa becane,, et on dormais a la belle etoile !

-Arrete, lacha Fenris, ne souriant plus qu'a moitié. Il faisait pas si froid que ca...

-Sure, et ensuite tu dira qu'on s'est jamais pris la flotte ? Le lendemain, je piquait le camion, et on se recuperait tentes, sac de couchage...

-Pourquoi vous ne dormez pas dans...dans des maisons ? l'interrompit Cassandra.

La jeune fille regretta immediatement sa question. Fenris, Buster et Russel, il y'a peu souriant, avaient changés d'attitude en un instant .C'est Buster le premier, qui tenta de repondre.

-Moi et mon frere, au debut, on faisait ca. Puis un jour...

-Un jour, continua Fenris, j'ai ouvert une porte, et j'ai decouvert un cadavre, un gosse pas agé de plus de 5 ans...Dans la cuisine, je decouvrait sa mere, morte, elle aussi. Ils s'etaient litteralement entretués...

-On a tous fait cette experience au moins une fois, termina Russel. Maintenant on le fait de temps en temps, dans des maisons dont on se doute que le carnage a pas laissé un spectacle trop gore...La Station service de l'autre jour, par exemple...

-En tant que survivants, on s'impose des regles, Cass, murmura Fenris, presque a voix basse...On pille pas les maisons, on touche pas les cadavres a moins que ce soit necessaire...

-On prend ce dont on a besoin, et on continue, rajouta Buster...

-Et vers ou, vous continuez ?

La encore, un silence...

-Greeley, Nebraska, lacha Buster, un air presque reveur sur le visage.

-Ses grands parents vivaient là bas, continua Russel. Selon notre petit pote Banquier, c'est l'endroit ideal ou recommencer notre vie.

-J'y'ai passé mon enfance...je crois que s'il faut recommencer sa vie quelques part, ce sera toujours mieux que beaucoup d'endroits.

-Une riviere, des champs, des chevaux...des vaches, des poules, un puit avec de l'eau propre...meme si y'a aucun survivants là bas, on devrait pouvoir s'organiser.

-Russel a tout compris, continua Buster. Une grande maison, une grange, pas de voisins a moins de 2km...

-On a donné rendez vous là bas a quelques autres survivants, termina Russel, souriant. Greeley, Nebraska, apres tout, c'est pas si mal, pour recommencer le monde...

Cassandra, acquiescant avec le sourire, tourna son regard sur Fenris, resté silencieux. Pendant une seconde, elle cru le voir inquiet, le regard sur les flammes...

******

Interlude

Quelques dizaines d'heures de baise furieuse avec cette blonde bon chic bon genre de Manhattan avait laissé Fenris sur les rotules. Une bonne fatigue neanmoins, s'amusa t'il a penser, une fatigue saine. L'argent qu'il avait gagné a faire la securité de ce concert aux cotés de Klaus et Herman etait parti en bieres et chips, mais la petite garce avait genialement gemie, se secouant sur lui comme une possedée. En proie a sa migraine matinale, Fenris se leva, et se dirigea sur l'evier ou reposait son dernier tube d'aspirine. Bientot, il lui faudrait s'en racheter. Dans le lit, sur l'oreiller, il trouva une carte professionnelle de sa petite avocate d'un soir, et fut surpris d'y decouvrir un numero de telephone inscrit a la main.

-Encore une gentille petite employée de bureau qui veux jouer avec le grand mechant, ricana t'il, tout en froissant le papier.

Assis dans son salon, le regard plongé dans l'effervecence rassurante de son verre d'eau, Fenris pensa a ses rendez vous de la journée et soupira, sans illusions sur la semaine a venir qu'il devinait deja de merde...

****

Cette nuit là, prise de cauchemars, Cassandra se reveilla en larme, et machinalement, tourna le regard vers les tentes de ses amis. Fenris, malgres qu'aucune lumiere ne soit allumée, ne dormais pas, elle en etait sure.

Sans un mot, elle ouvrit la porte du camion, et se dirigea vers sa tente Peut etre la laisserait t'il dormir avec lui, pour une fois. A quelques metre de l'entrée elle s'arreta, devinant sa voix solitaire, par dela la toile.

Tendant l'oreille, Cassandra s'approcha encore. Non, pas la voix de Fenris.

Une radio ?

Pas une radio non plus...une CB...

Et ce qu'elle entendait ne lui plaisait pas.

*****

Ce matin là, et pour la premiere fois depuis des semaines, Fenris se reveille avec le soleil, presque en retard sur ses horaires habituels. Le manque de sommeil commence a se faire sentir, mais chez lui, la paranoia l'emporte sur les besoins de l'organisme...Il leur reste deux heures, maximum, avant de devoir partir.

Alors qu'il sort de sa tente, esperant pouvoir profiter de son café du matin avant le lever des autres, il s'arrete, se decouvrant face au canon d'un fusil qu'il reconnais comme celui de Buster. A l'autre bout, le doigt sur la detente, se trouve Cassandra, le regard rouge de larmes....

-Endlosung, souffle t'elle, la voix brisée par la colere...Je te faisait confiance, Fenris...

Le canon face au visage, Fenris se releve doucement, evitant les geste brusques...

-Ecoute, Cassie...Baisse cette arme, .

-Il n'y'a rien a expliquer...Endlosung...La Solution finale...le Carnage...J'ai entendu tes amis...Je les ai entendu parler...

Fenris ne bouge plus. Cassandra, au bord de la crise de nerf, pourrait tirer au moindre mouvement. Comprenant finalement ce qui se passe, L'ancien skinhead ferme les yeux...Ca devait forcement arriver un jour...

-Je suis desolé, Cassie...

Dans un geste d'une rapidité dont elle ne le pensait pas capable, l'homme s'empare du fusil par le canon, et le retourne contre elle, canon sur le visage. L'enfant, se sachant deja morte, ferme les yeux.

Mort qui ne vient pas.

Alors qu'elle rouvre les paupieres, elle decouvre Fenris, quelques metres plus loin, occupé a ranimer le feu. S'il a le fusil a la main, les cartouches sont au sol, devant l'enfant.

-Va reveiller Buster et Russell, Cassandra...Il va falloir qu'on parle...

*******

-L'homme que tu as entendu parler s'appelle Krueller...et il y'a quelques semaines encore, il etait mon meilleur ami.

Fenris avait dit ca sur un ton calme, presque comme si cela n'avait pas porté a consequence. Russel et Buster, assis a sa gauche, surveillaient le feu, s'assurant que la cafetiere ne s'ecroule pas dans les braises.

Cassandra, quand a elle, le fixait avec colere.

-Il parlait de l'Endlosung, la solution finale...Je l'ai entendu dire qu'il avait lancé le Carnage sur le monde...

Cette fois, Russel et Buster etoufferent un meme rire avec difficulté. Devant le sourire de Fenris, Cassandra se senti legerement stupide.

-Krueller est dangeureux, mais pas de la facon que tu semble croire...Lui et moi sommes tous les deux sortis vivants du Carnage, Cassandra. Au bout de quelques jours, Krueller a commencé a se faire un petit syndrome du Dieu Vivant. Assez vite, on a rencontrer d'autres survivants, et il a commencer a leur exposer son delire mystico-Darwiniste, l'Endlosung, la survie des plus fort...Lorsque certains ont commencer a arreter de rire a ses conneries, c'est là que moi et quelques autres on s'est inquietés. Apres deux semaines, il etaient deja 7 a repeter ses theories a la con sans se poser de questions.

-Quelles theories ? s'inquieta l'adolescente.

-La Survie des Elus. Le Carnage, agent de selection naturelle. Sauf que sa theorie souffrait de quelques problemes...

-...Des problemes dans mon genre, continua Russell. Tous les Survivants ne correspondaient pas a l'idée que K-Man se faisait de la race des Seigneurs...

-Marty etait noir, Colin asiatique...Steven et cette petasse de Marsha etaient Juifs...Lorsque Steven est mort "accidentellement", durant une expedition nourriture, on a tous su a quoi s'en tenir,termina Fenris.

-Qu'est ce qui s'est passé ?

-Je me suis tiré vers le Nord, une nuit sans prevenir. Marty, Colin, Marsha et quelques autres avaient deja pris la tangente depuis quelques jours. Quand je suis parti, Les autres commencaient a parler de les traquer.

-Derek et moi avont rencontrés ce qui s'est averé etre un homme de Krueller, quelques jours plus tard, poursuivit Buster. Il nous a proposé de rejoindre leur troupe, mais on a refusé, l'arme au poing. Le lendemain, 5 hommes sacageaient la ville, dans l'espoir de nous retrouver.

-10 jours avant que notre petit pote banquier ne rejoigne notre troupe, Fenris et moi avont traversé une ville, pres de Providence...Les Troupes de Krueller etaient deja passés par là.

-Pillages, incendie, profanation des corps...Des croix gammées partout sur les murs...

-3 semaines plus tard, continua a son tour Buster, on a decouvert un camps de Survivants reduit a Neant, une dizaine d'hommes et de femmes tués, violées, torturées a mort...

-On estime les troupes du Nazi a 50 ou 80 individus, recrutés un peu partout sur la cote Est. Ils arpentent le territoire par groupe de 5 ou 6, recrutant ceux qui le veulent, tuant les autres, a ce qui semble.

-On pense qu'ils cherchent des femmes, lacha finalement Fenris, le regard vers le sol. Des femmes jeunes, tres jeunes meme, si je me fie aux gouts de Krueller...Tu comprendra maintenant qu'on attendais un peu avant de te raconter tout ca...

Cette fois, plus personne ne parle, laissant a Cassandra le temps d'assimiler toutes les informations. Au bout d'une minute, livide, elle ouvre de nouveau la bouche.

-Vous...vous voulez dire...C...comment les gens peuvent t'ils suivre un homme qui leur dit avoir provoqué le Carnage ? Qui a detruit leur vie, tués leur famille ? Comment peuvent t'il le croire ?

-Il y'a 2000 ans, un mec a dit avoir marché sur l'eau, ironisa Fenris...Toi meme, y'a 10 minutes, t'as manqué de me descendre parce que tu croyait que j'avais quelques chose a voir avec le Carnage. Quand un mec te dit que tu fait parti des Elus, et que t'as plus rien a quoi te raccrocher d'autre, pourquoi pas, apres tout...pourquoi ne pas suivre le mouvement ?

-Krueller a commencé sa propagande Radio il y'a 3 semaines. Il invite tous les survivants de la zone a le rejoindre, grogna Russell, une expression de colere sur le visage. On ignore d'ou il peux émettre, mais on le capte sur toutes les stations entre ici et New York...

-...et depuis quelques jours, on le capte aussi sur la CB...

-Chose dont tu aurais pu nous instruire, l'interrompit Buster. J'aurais aimé l'apprendre differement que par Cassandra...

-On s'etait mis d'accord pour ne pas en parler devant elle avant qu'on ne soit loin, Buster, est ce que j'ai besoin de te le rappeler ? Et puis franchement, si tu tient absolument a entendre des mauvaises nouvelles, je croit avoir pire...

-Du genre ? s'inqueta Russel...

- Scritching Point, lacha Fenris. J'ai vu des Croix Gammées...

Silence... Tous, Cassandra comprise, savent desormais ce que ca peux signifier.

-Tu crois qu'ils seront a Minneapolis ?

-Je vois le probleme sous un autre angle, Russell...

Alors que le regard du Nazi se porte sur Buster, celui ci se fige, comprenant de quoi il veux parler.

-C'est un piege...Ils sont en route pour Greeley...

Le Nazi acquiesce, tendant la main vers le feu.

-Il va nous falloir trouver un moyen de prevenir les autre, conclut Fenris, tout en se servant un café. Maintenant, reste a savoir comment...

*******

Interlude.

L'homme s'etait reveillé seul, une souffrance comme rarement ressentie dans la poitrine, et une pire encore dans le bras gauche. Fracture ouverte pensa t'il, avant meme d'arriver a amener sa main devant ses yeux. Cotes cassées aussi. Plusieurs, peut etre 4.

Avait t'il eté victime d'un accident ? Il ne se souvenais de rien, si ce n'est qu'il avait faim, et soif, soif a en hurler. Etendu sur le bitume d'une route, il contempla un instant le ciel, surpris du silence environnant. Pas une voiture, pas un bruit humain. Finalement, du mieux qu'il pu, il se releva, gemissant de douleur.

Marty "Cabeche" Stone ignorait encore avoir eté le premier homme a sombrer dans le Carnage...

...et plus triste encore, le premier a en etre sorti...

****

Fenris, comme souvent, avait agit d’instinct, et degainé au premier bruit suspect. Son fusil, complement artistique de son bras, promenait sa ligne de mire avec plus ou moins d'interet sur chacun des deux nouveaux venus, selon l’humeur du jeune Nazi. Le pistolet de la jeune femme etait au sol, tombée sous le coup de la surprise de se decouvrir le canon d'une arme a 3cm du visage, sans avoir meme vu arriver son proprietaire.

-Identifiez vous, lacha t’il sechement, d’une voix sans humour.

Le plus gros des deux bégaya, les mains toujours levées vers le ciel, pret a toucher les burnes de Dieu le Pere si cela lui donnait la moindre chance de sortir vivant de l'aventure.

-K…Kramer. Justin Kramer. Et mon amie, là, se nomme Rose Russel.

-Russel, hein…ricana doucement le Nazi. D’ou vous venez ?

-Je vient de New York, et Kramer vient de Riverdale, sur l’Hudson. Maintenant, ou tu nous tue, ou on baisse les bras, mais tu choisis vite s’il te plais.

Par reflexe, le fusil s’arreta quelques instants sur la jeune femme trop bavarde, sans parvenir pourtant a lui faire detourner le regard. Apres plusieurs secondes, Buster, resté en arriere s’avanca finalement, et fit baisser l’arme a son ami.

-Je crois qu’ils sont innofensifs, Fenris.

-Je prefere verifier, grogna le blondinet.

-Ne va pas tuer quelqu'un par erreur, plaisanta a moitié Buster, s'efforcant de paraitre le plus calme possible.

Une fois le fusil dans les mains, Buster d’un signe, informa les deux survivants qu’ils ne risquaient plus rien. Tout du moins plus rien en rapport avec le fusil, c'etait deja ca.

-Mon nom est Buster Brown. Je sais pas pour vous, mais apres tant d’emotions, je crois que j’ai besoin d’une biere fraiche…

*******************

La maison dans laquelle Rose et Justin avaient posés leurs bagages se situait en centre ville, pas loin de la mairie. A peine avaient ils vus passés le camion de Russel, qu’ils s’etaient precipités aux fenetres pour les observer.

-Vous etes les premiers survivants qu’on ai vus en 15 jours, declara Justin. En tout cas les premiers avec qui on ai eu envie d’entrer en contact.

-Ca a peut etre eté une erreurs, franchement, ricana Rose, le regard fixé sur celui qui disait s'appeler Fenris.

-Vous avez vu passer d’autres survivants, eu du mal a ne pas exulter Cassandra ?

-Un quatuor de bikers, fusils a pompe en bandoulières, repondit froidement Rose. Justin voulait jouer les bon voisins, mais quand on les a vu commencer a tirer sur les vitraux de l’eglise, on s’est dit que c’etait pas la meilleur idée du siecle.

-On s’est refugiés dans le grenier, avec nos sacs a dos, et on s’est fait discrets. Ils ont pillés les plus grosses maisons, embarqués toutes les armes qu’ils ont trouvés, et saccagés quelques potagers, puis au bout de 4 jours, ils sont repartis vers le Sud.

-sans cet orage, ils seraient certainement restés moins longtemps…

-J’imagine que pour nous aussi vous avez attendus un moment avant de venir aux nouvelles, chercha a plaisanter Buster.

-Un peu, on vous a regardés déballer vos tentes aux jumelles, puis ont a vu Cassie sortir du camion.

-On s’est dit avec Rose que des Survivants qui s’occupaient d’une gamine etaient pas de mauvaises personnes. On est donc sortis, et on est venus en voisins.

-Et c’est là que votre copain a croix gammée nous a mis un flingue sous le nez.

Cette fois, C’est Fenris qui leve la tete vers Rose.

-Ca te pose un vrai probleme la svastika...

-Ouais, je suis Juive, et ca me tue que des mecs comme toi soient encore en vie.

-Des mecs comme moi ?

-Des Connards d’adorateurs de croix en flammes.

Silence. D’un geste de la main, Buster et Russel arreterent Cassie, deja prete a defendre son protecteur. Cela devait forcement arriver un jours, tous le savaient. Fenris, pourtant, malgres le regard haineux de la jeune femme sur son tatouage, n'envisagea meme pas de le dissimuler.

-Pas de bol, cracha t’il d’une voix monocorde, ni ton Peuple Elu ni ma Race Superieurs n’etaient dans le vrai, finalement. Les Survivants sont de toutes les races, toutes les confessions. La mort n’a pas de petits preferés.

Alors qu’il se leve, parti se chercher une autre biere, Fenris jete un dernier coup d’œil a Rose, et lui souris.

-On est plus assez de gens pour continuer nos petites gueguerres ideologiques, si tu veux mon avis.

Peut etre se trompait t’il, mais en le regardant s’eloigner, Buster se demanda jusqu'à quel point son ami pouvait trouver la situation amusante, et jusqu'à quel point lui meme, aujourd’hui, devait s’inquieter de ne finalement rien savoir de l’homme qu’il etait avant le Carnage…

******************

Assis a l’arriere de la remorque, Fenris ne bouge pas, une biere a la main et le regard sur l'ancienne mairie. Meme absorbé par es pensées, son couteau, a la ceinture, reste en position d'etre sorti rapidement.

Rose a raison...peut etre...

-Je peux monter ?

Dans un coin sombre de sa vision peripherique, Cassandra lui souris, et le sort de ses pensées.

-Tu devrais etre couchée.

-Je voulais savoir comment tu allais.

-J’ai pas de raison d’aller mal.

-Cette fille, elle ne sais pas ce qu’elle dit.

-Au contraire, elle a raison.

Silence...la voix de Fenris est monocorde, sans humour ni tristesse. Un simple constat, qui glace Cassandra jusqu'aux os.

-Tu es quelqu’un de bien, essaye t'elle de le rassurer, s'approchant de lui. Elle ne te connais pas, c’est tout.

-Tu ne me connais pas non plus Cassandra, continue le Nazi d'une voix neutre. Tu crois que cette croix sur ma poitrine, c’est juste de la decoration ?

-Tu m’as sauvé la vie, ca veux dire quelques chose.

Se penchant vers son ami, l'adolescente le vois lever les yeux sur elle.

-J'ai confiance en toi Fenris.

Un court instant elle cherche a s'asseoir a ses cotés, mais le jeune homme l'en empeche...

-Va te coucher.

-Ecoute, Fenris, je sais que j…

Cette fois, Fenris se redresse, eloignant volontairement son visage de celui de l'enfant.

-J’ai dit Va… Te… Coucher.

Pour la premiere fois en 4 semaines, la voix de Fenris se fait dure, et Cassandra n’insiste pas. S’eloignant vers sa tente, l’enfant jete un dernier regard vers son ami, adossé a sa moto, une bouteille de biere a la main. Pour la premiere fois depuis un mois, elle se rend egalement compte qu’elle ne connais meme pas son vrai nom…

***************

-Je suis desolé, Rose parle trop vite pour qu’on l’arrete…

Chargé d’eteindre le feu, Russel croisa le regard de Justin, venu lui apporté un verre de café frais. L’homme, de deux tetes son cadet, etait pourtant son ainé de plusieurs dizaines de Kilos. Sous le beurre, le jeu des muscles est presque inexistant, et son souffle puissant est un indice que le sport, avant le Carnage, n’etait pas vraiment l’une de ses priorité favorite.

-Elle a pas tort, Fenris est un Nazi.

-Etait un Nazi, essaya d’argumenter Justin par politesse.

-Non mec, EST un nazi. Il a jamais renié ses convictions, c’est le monde qui a changé autour de lui, c’est tout.

-Tu veux dire qu’il croit encore en ses delires ideologiques ?

-Fenris est un mec intelligent, je crois que voir des milliers de personnes mortes assassinées a un peu ebranlé ses croyances. Difficile de proner la suprematie d’un peuple quand il ne reste plus que 10 personnes de vivantes a 20Km a la ronde…

-Vous semblez bien vous entendre pourtant.

Silence…

-On est copains, et apres 4 mois a galerer ensemble, je lui confierais ma vie sans trembler. Mais ca m’empeche pas de garder en memoire ce qu’il etait encore 10mn avant le Carnage, je ne suis pas idiot…Mais ne te fait pas d’illusion sur moi non plus, je l’aurais rencontré il y’a 6 mois, j’aurais surement eté le premier a degainer le demonte pneu. Le nouveau monde est bizarre Justin, crois moi...

-Sous la fourrure du chien, meme fidele, se cache encore le croc du loup…

-C’est de qui ca ?

-De moi. J’etait etudiant en Poesie Moderne avant le Carnage.

Un court instant, Russel fixe le survivant, ne sachant ou commencer ses questions.

-Et je peux te demander objectivement comment tu explique ta survie ? Excuse moi si je te manque de respect, ironisa le jeune noir, mais t’as honnêtement pas le look pour l’emploi…

Amusé, Justin avala une gorgée de son café, et prefera ne pas sourire.

-Y’a pas d’offense.Je pese 118 Kgs pour 1m65, je peux comprendre objectivement qu’on se demande comment j’ai pu survivre. Et tu veux entendre quelques chose de drole ? En 4 mois, j’ai perdu 28 Kgs. Quand j’etait encore etudiant, aller d’un batiment a l’autre un peu vite me crevait comme si j’avais fait un marathon…

-Et tu te cachait ou, pendant le Carnage ? Enfermé dans une cave, comme Buster ?

-Je me suis reveillé sur le campus, couvert de sang; un hachoir a viande a la main et des morceaux de mon ancien colocataire partout sur la pelouse. Et tu veux rire encore un peu plus ? Je n’avais pas une seule blessure.

Silence amusé. Chacun termine son café, et prefere marquer le coup.

-Ouais, Pas sure que Darwin aurait parié sur toi a la base, si tu veux mon avis.

-Fait attention, tu commence a parler comme Fenris, s'amusa l'obese en lui tendant la cafetière...

************

-Moi et Justin on s’est rencontré alors que j’etait en route pour le Delaware, a un moment ou j’esperais encore savoir si mon frere etait en vie. J’ai abandonné ma voiture et j’ai transferé mes bagages dans la sienne. Au bout de 30 km, je fondais en larmes. Justin m'a convaincu de faire mon deuil, de ne pas aller voir pour quelques chose que je savais deja.

-Ca a l’air d’etre un mec bien.

-Ca l’est.

-Toi et lui, vous… ?

La question de Buster a peine passée ses levres, Rose le devisaga, interloquée.

-NON ! Non, enfin, je veux dire… Justin est un garcon adorable…mais non… non. Je le vois plus comme un cousin ou un petit frere que comme autre chose, et je pense que c’est partagé.

-Russel, Fenris et moi, c’est pareil.

-Le Nazi…

-J’etait banquier, avant le Carnage… Je pense que les anciennes definitions ne s’appliquent plus, desormais.

-Certaines choses ne changent jamais…

-Peut etre, mais d'autres oui.

Silence...

-Rose,, semble hesiter Buster, qu’est ce que tu etait avant le Carnage ?

La jeune femme, basculant sur son siege, adossée au mur de la maison qu'elle squattait depuis deja quelques temps, regarda la terre sous ses pieds. Ses bagages, deja fermés, ne laissaient pas de doute sur leur depart prochain. Buster quand a lui, appuyé sur la porte fenetre, ne la quittait pas des yeux.

Vraiment tres Belle...

-J’etait mariée, nous revenions juste de voyage de noce. Mon…mon mari, j’ai decouvert son cadavre dans notre appartement. Il semble qu’il se soit suicidé, que le Carnage se soit retourné contre lui, peu avant la fin…

-Desolé.

-Il me manque…

-Le contraire ne serait pas normal. Mon pere, ma mere… Les parties de Base Ball, le samedi, avec mes freres, je crois que c’est ce qui me manque le plus…

-Et toi, Buster…Tu vivais avec quelqu’un, avant le Carnage ?

-Non…

- Une petite amie ?

-Non. Je ne sortais pas beaucoup…Tu sais, Fenris est un mec bien. Je sais pas ou Russel, moi ou Cassandra serions sans lui.

Silence...

-Les mecs qui se sont arretés, il y’a quelques jours, murmura finalement la jeune femme…Ils etaient plusieurs a porter une croix gammée identique a celle de votre ami.

-Des partisans de Krueller.

-Krueller ?

-Je sais pas si c’est a moi de te raconter ca, mais Fenris aussi etait New Yorkais…

*************

Plusieurs heures plus tard.

"Le soleil est notre reveil Matin", pense Buster se souvenant du proverbe favori de sa Soeur...et accesoirement, aussi, de Fenris.

Pour la premiere fois en trois semaines, Cassandra s’etait endormie dans des draps propres, et dans un lit frais du matin, quelques chose de rare et de precieux dans le nouvel ordre du Monde. Russel et Justin, passant dans le couloirs les bras chargés de bagages, mirent tous leurs efforts a essayer de faire le moins de bruit possible.

-Ou est ta copine, Justin ? demanda Fenris, debouchant en silence de la cuisine.

-Elle siphonne de l’essence.

-J’ai reperé un camion citerne, sur l’autoroute. On fera le plein, et on en profitera pour se recuperer quelques bidons d’essence, intervint Russel, deux malles sur les epaules.

Une tasse de café a la main, Fenris croise le regard de Justin, et le salut poliment. Lorsque le survivant s’arrete, au moment de passer la porte, il se retourne sur lui.

-C’est Sympa a vous de nous accompagner un bout de route, lanca l'Obese, un sourire sur les levres.

-C’est pas une destination toute pres, la Californie, intervint le noir.

-Je sais.

-Tu va y chercher quelques chose de precis ?

-La paix de l’esprit. Je me dit que l’Ocean Pacifique, et une maison pas trop loin de la plage, ca doit etre un ideal de vie pas deplaisant. Quand je pense qu’il y’a a peine 6 mois, je travaillait 10h par jour pour maintenir mes notes a leur niveau maximum…

-Ouais. Toute pression sociale enlevée, plus de vrais raisons de faire dans la competition acharnée.

-Amen.

-Amen.

-Amen… ricana a voix basse Fenris.

-Il y’avait des representants de la Confrerie, sur le Campus. T’es assez different du Surfer Nazi que j’ai pu croiser jusqu'à present, tenta de plaisanter l'obese.

-Tu faisait tes etudes a New York ?

-Oui. A la fin du Carnage, j’ai foncé vers Riverdale, a 80Km de là, pour voir comment allait ma famille.

-Et alors ?

-Tous morts.

-Desolé. Pas une grande surprise neanmoins.

-Une des raisons pour laquelle j’ai empeché Rose d’aller voir pour son Frere. J’ai vu mes parents et mes freres baignant dans leurs propres viceres, si peu de temps apres la mort de son mari, elle n’aurais pas eu la force de supporter ca.

-Tu pense qu’elle se serait fait du mal ?

-Elle est plus fragile qu’elle en a l’air.

-Tu pourrais avoir des surprises...

-Je prefere pas tenter le coup.

-T’es un vrai Ange Gardien…

-Comme toi avec tes copains, Fenris.

-Touché. Vous avez des armes un peu plus puissante que le flingue de Rose?

-Non.

-Faudra remedier a ca.

-Pas question pour moi, je ne sais pas tirer.

-Il te faudra une arme quand meme. On pourrait essayer de te trouver un sabre, comme pour Buster, ce serait deja ca.

-On reflechira a ça a la prochaine grande ville.

-C’est tout reflechi, termina Fenris, jetant sa tasse vide a travers le jardin.

Alors que les deux hommes descendent finalement vers la voiture, les derniers bagages a la main, Fenris croise le regard de Rose, et s’etonne d’y percevoir quelques changements. Quoi qu’ai pu lui raconter Buster, il avait du dire un truc pas commun.

*********

Autre ville, autre rencontre. Autre calibre de munition…

La premiere balle avait atteint le reservoir, suivie d’une autre dans un des pneus arriere, ce qui avait forcé strategiquement Russel a un arret en catastrophe.

Sortis par la porte passager, Fenris avait assuré leur retrait vers un bar de plusieurs coups de revolvers, quelques 15 metres plus loins. Par miracle, alors que plusieurs balles les avaient frolées a decouvert, ils etaient parvenus vivants a l’interieur. Toutes les joies du Far West, chargeurs a 15 ballles en plus.

-Merde, mais d’ou tirent t’ils, avait hurlé Buster, accroupi derriere le comptoir.

-Des semaines qu'on voyage tranquille, et un con nous tire comme des lapins, grogna Russel.

Fenris, le fusil a la main, scrutait les environs par la fenetre gauche de la petite salle, affalé sur un mort de longue date. La jeune femme avait du etre belle,pensa un instant le Nazi, tout du moins avant qu'on lui plante un couteau dans la bouche.

-4eme maison, sur le toit, souffla t’il d'une voix calme, tout en repoussant le cadavre d’un coup de botte. 1 mec, fusil a lunette. Chargeur supplementaire.

-Tu pense pouvoir le neutraliser d’ici, demanda Buster ?

-Vivant ou mort ?

-On ne va pas tuer quelqu’un uniquement parce qu’il se defend…

-J’aurais assez peu de remords a descendre un enfoiré qui me visait a la tete il y’a encore 15 secondes, plaisanta amerement Russel.

-Personne n’a de drapeau blanc, osa Cassandra ?

-Cass, regarde voir dans mes bagages et sort un tee shirt blanc, ordonna Buster, on peux toujours essayer ca. Russel, des nouvelles de Justin et Rose ?

-Leur voiture est au coin de la rue, de là ou ils sont, les balles ne peuvent pas les atteindre.

-Deja un soucis de moins.

-Tu veux un vrai soucis, Fenris, cracha le jeune noir ? Cet enfoiré a atteint le reservoir, on est en train de perdre de l’essence.

-Reservoir et pneu. Vous pensez qu’il a visé intentionnellement pour nous immobiliser ?

-Si tu veux mon avis Buster, soupira Fenris, rechargeant son arme, j’en ai absolument rien a foutre de ces conneries.

Avant meme que l’ancien employé de banque ne puisse dire un mot, Fenris s’etait relevé, le fusil sur l'epaule. Avant meme que le tireur embusqué ne puisse tourner son arme vers cette nouvelle cible, une balle lui dechirait deja la carotide, mettant fin a toute possibilité de riposte.

Lorsque le vieil homme tomba au sol, degringolant du toit tel une marionnette desarticulée, ni Russel ni Buster ne purent ignorer le sourire satisfait et carnassier de leur compagnon de voyage…

*************

Interlude

Quelques part sur la cote Californienne, Jake roulais vers le sud, en proie a ses pensées. Sa femme et sa fille a Atlanta, et une pension qu'il ne pouvait payer. Un job minable dans un videoclub de banlieue, un appartement trop petit pour y installer son ancien canapé qu'il avait du abandonner chez son frere, et maintenant ca, un ulcere...

"Reposez vous un peu plus, avait proposé son medecin" "Je vais vous donner une ordonance, suivez la scrupuleusement"...

Un Ulcere, bordel...

20 minutes deja que Jake roulait sans y penser, inconscient des bouleversements qui agitaient le monde en cette heure matinale...Rouler le detendais, le reposais. Deja adolescent il aimait a emprunter la voiture de son pere pour rouler a travers la ville, gaspiller le prix d'une place de cinema en essence...

Sa derniere pensée consciente fut de rouler un peu trop pres du trottoir...10 secondes plus tard, il fauchait les passants, victime et assassin du nouvel ordre du monde...

****

-C’est un psychopathe.

Cette verité, abrupte, definitive, venait d’etre lancé par Rose, alors que Justin, absorbé par l’asphalte defilant sous ses roues, s’efforcait d’oublier les evenements de ce debut d’apres midi. De l’endroit ou ils s’etaient arretés, ils avaient vu tous deux Fenris abattre froidement le Survivant, et avaient vu son cadavre devaller jusqu’au sol, ou il s’etait vidé de son sang dans les fleurs d'un jardinrendu a la sauvagerie.

-Il a reagit rapidement, avant qu’il y’ai des blessés.

-Il l’a executé froidement..

-Tu as vu comme moi l'installation que s'etait faite ce type. S’il etait sur ce toit, armé et avec des provisions, c’est qu’il preparait ce genre de choses.

-Ca on ne saura jamais, et tout ca parce que Fenris lui a logé une balle en pleine tete, comme il a faillit le faire avec nous il y’a 4 jours..

-Ecoute, Rosie…Je comprend parfaitement pourquoi tu ne l’aime pas, mais je suis sure que c’est quelqu’un…

-…de confiance ? tu allais dire de confiance, Justin ?

Silence.

-Oui, j’allais dire de confiance, Rose. Il n’est pas des leurs. Il est different.

-Il porte leur tatouage. Et il est New Yorkais.

Silence…

-Ce n’est pas lui qui t’a violé, Rose.

Justin, les yeux sur la route, n’a pas besoin de se tourner pour sentir le regard de son amie se poser sur lui, empli de colere.

-Ca n’a rien a voir.

-Au contraire, je crois que ca a tout a voir.

-Va te faire foutre, Justin. On en reste là, s'il te plait.

Alors que Rose se détourne sur son siege, le regard sur la fenetre, Justin ralenti pour laisser passer Fenris et sa moto, partant en eclaireur. Depuis la fin du Carnage, les porteurs de Svatikas s’etaient multipliés au vues du nombre de survivants.

Et pour beaucoup d’entre eux, le tatouage semblait trop ancien pour etre une consequence de la fin du monde…

*******

La nuit, le Calme, la campagne americaine…un ciel clair de millieu d'automne…

-Tu crois que Winona Ryder est encore en vie ?

-Quoi ?

-Je me demandais un truc. A Hollywood aussi, le Carnage a laissé la vie a des Survivants. Tu crois que certaines Stars ont survecus ?

-Justin, tu te pose vraiment cette question ?

-Je m'ennuie Russel. Je deteste avoir a jouer les Sentinelles, alors s'il te plait, cause au moins avec moi...

Allongé sur le toit du Camping Car, l'esprit perdu dans les etoiles, Russel regarda son ami, en contrebas, et manqua de se laisser aller a rire. Deux jours maintenant que leur petite equipe avait abandonnée leurs voitures pour le camping car. Deux jours, que confiné dans un espace restreint, le jeune obese reflechissait trop, et a surtout beaucoup trop de choses.

Tel etait le probleme de Justin, et de Buster aussi, dans une autre mesure... Ils s'inquetaient trop de ce qu'avait eté le monde...Rose, Fenris et lui ne s'inquietaient que de l'Avenir...

-A mon avis, fini t'il par repondre, s'il devait y avoir un survivant, je trancherais plus pour Jean Claude Vandamme, ou Vin Diesel...

-C'est peut etre là ou tu te trompe...Regarde nous, Russel, moi, Cassandra, meme Buster... Rapelle toi, on en parlait le premier soir, est ce que, tres objectivement, tu aurait parié sur eux et moi ?

Se redressant, Russel laissa echapper un soupire. Qu'il se fasse une raison, ce soir, sa garde ne serait pas silencieuses et tranquille...

-Le cas de Buster est un peu a part, Justin. Je pense pas que beaucoup de gens se soient retrouvés enfermés dans leur cave par leur famille...

-Les prisonniers...

-Quoi ?

-Les prisonniers, reflechi... est ce que tu as pensé aux criminels en cellules ?

-Je comprend pas.

-Cellules de deux personnes maximum, incapacité de sortir...est ce que tu reflechi parfois a la quantité de Survivants qu'il y'a du avoir ?

Pendant une seconde, le Noir étudia la possibilité. Justin reflechissait vraiment beaucoup trop...

-Combien de survivants il y'aurait pu avoir, tu veux dire...Survivants, mais enfermés, dans l'incapacité de sortir de leur cellule... Morts de faim, de soif...

-Justement c'est ce que je me demandait...Les fermetures des cellules sont electriques maintenant, electroniques. La fin de l'electricité a tres bien pu faire ouvrire les p...

Un bruit sur leur gauche fit cesser toute discussion, . Avant meme que Russel puisse porter la main a son fusil, quelques chose qu'il ne distinguait pas s'etait avancé sous la lumiere de la lune. Immediatement, Justin avait ramené au calme son ami, et se trouvait deja a mi chemin de la creature, bloquant toute possibilité de tir.

-Merde...Un chien.

-Ne t'approche pas, lui conseilla Russel. Les chiens ne sont plus vraiment fideles et loyaux depuis le carnage...

-C'est le premier chien que je vois en 5 mois...

-Tu plaisante ?

-En tout cas le seul chien encore vivant. Merde, je les croyaient tous morts, a force...

-Veinard.

-Celui là n'a pas l'air mechant, s'amusa Justin, tout en s'approchant de l'animal. Et si tu veux mon avis, il a l'air bien nourri pour un chien sauvage...

Durant un court instant, Russel garda le silence...Fenris et lui, dans les premiers temps de leur voyage, avaient eu affaire a une meute de Dobermann affamés quelques part dans le New Jersey, et avaient du laisser plusieurs cartouches se vider sur la meute. Descendant doucement du toit de la caravane, il leva son fusil sur la creature, pret a lacher du plomb au moindre danger.

-Tu crois qu'il appartient a un survivant ?

-J'en sais rien, Russel. Mais en tout cas, il a un collier.

Alors que le jeune noir s'avance vers l'animal, un bruit qu'il connais trop eclate dans l'obscurité, et par reflexe, le fait tomber au sol. En reponse a la detonation, Justin s'ecroule a ses cotés, le regard etonné de sa propre mortalité. Sa derniere pensée avant l'inconscience va vers Fenris, tout a l'espoir qu'il protegera Rose.

Puis, presque sans s'en apercevoir, il oublie de rester conscient.

-BUSTER, FENRIS, hurle Russel, rampant vers l'obese. ON NOUS TIRE DESSUS, JUSTIN EST A TERRE !!!

*********

Des mois d'errances avait reduits la qualité du sommeil de Buster et de Fenris a sa plus simple expression. Aussi, ne s'etaient t'ils pas etonnés de reagir aussi rapidement aux hurlements du jeune noir. Alors que le premier aidait tant bien que mal Russel a trainer leur compagnon de poids a l'interieur de la caravane, Fenris, l'arme au poing, deja parfaitement reveillé, promenais son regard par le pare brise avant du vehicule. D'un geste, il ordonna a Rose de rester avec Cassandra sous la table, le pistolet a la main.

Inconsciemment, le nazi exulta. L'adrenaline, en cette epoque troublée, remplacait tres avantageusement la cafeine des qu'il sagissait d'avoir la patate dans les situations de crise.

-Tu vois quelques chose ? demanda la New yorkaise.

-Non, bougez pas. Comment va bibendum ?

-Il respire a peine, grogna Russel. L'enfoiré de fils de p.... qui lui as fait ca sais tirer.

-Je le vois pas, cracha Fenris. L'Ordure peut etre n'importe ou dehors...

En reponse a sa remarque, une vitre de l'arriere du vehicule explose, répendant une pluie de verre sur Buster, collé au mur.

-Ils sont plusieurs, s'inquieta Russel en direction du nazi.

-Je crois pas non. Un seul mec, mais il se deplace. Il tourne autour de la caravane a la recherche d'une cible...Russel, tu peux atteindre le siege conducteur ?

-Ce con va me tirer comme un lapin.

-Pas si on lui donne une cible a viser. Rose, comment va Justin, il respire encore ? ?

-Il saigne, la balle a frappée en pleine poitrine.

-S'il respire encore, c'est que le coeur et les poumons ont pas eté touchés. Cassandra, Rose, retournez le, regardez si la balle est ressorti de l'autre coté.

-Ca risque pas d'agraver les choses ?

-Je suis pas medecin, Rose. Mais faut bien faire quelques chose. Russel, tu demarre des que je suis dehors et tu te met hors de portée de tir.

-Deux fois dans la meme semaine bordel... grogna Russel tout en se dirigeant a genou vers l'avant. Deux fois dans la meme semaine qu'on joue au pigeon avec nos culs, ca commence a bien faire...

Portant un dernier regard sur ses compagnons, Fenris se releve le pistolet a la main et passe la porte arriere du camping car sous les balles de l'ennemi, s'eloignant le plus vite possible de la clarté des feux arrieres. Presque immediatement, le vehicule demarre, attirant de nouveau sur lui les tirs de l'ennemi. Deux cibles maintenant, et un seul tireur...

Pour Fenris, ne reste plus qu'a viser au hasard en direction de la derniere detonation, tout en priant le Dieu des assassins pour toucher quelques chose..

4 balles s'averent necessaires, finalement, avant que le tireur ne hurle, un projectile quelques part enfoncée dans la viande. Le Camping car, desormais 150m plus loin eteint ses lumieres. Game Over, Nazi Vainqueur.

Ne restent dans le perimetre que Fenris et l'assassin embusqué, gemissant qu'on ne le tue pas 50m sur sa gauche...

*****

200m derrieres le Camping Car, l'obscurité etait retombé sur Fenris et le tireur, desormais en pleurs sous le canon d'une arme qui n'etait pas la sienne. D'un coup de pied, Fenris avait eloigné le fusil de son jeune adversaire derriere un buisson, quelques part dans l'obscurité. Pourtant, par securité, il garda le doigt sur la detente, le visage imberbe de l'adolescent dans sa ligne de mire, juste au cas ou...

Retour au present. Le temps est long, de chaque coté d'un canon armé…

-Ok Gamin, grinca Fenris, donne moi une seule raison de ne pas fertiliser la pelouse avec ta cervelle...

-Pitié, me tuez pas...

-Mauvaise reponse. Je t'ai touché ou ?

-A...a l'epaule. Je suis desolé, je vous prenais pour...pour eux.

-De quoi tu parles ?

-La Radio...les pillards...

-La Radio ? Tu te fous de ma gueule ?

-N...Non !!! je vous jure, je croyais...

-...La radio te parle d'Endlosung, de solution finale, de race pure, et la premiere chose que tu fait c'est tirer sur un obese et un negre ??? T'as pas l'impression de t'etre trompé sur un truc ?

Silence...Pendant une seconde, sous la lune, Curtis Williams vois finalement le visage de l'homme au dessus de lui. Rasé de pres, le cheveux blond, court...

-Vous etes l'un des leurs, balbutie t'il, cherchant a taton son fusil, malheureusement en vain...

D'un mouvement ample, Fenris ecrase la main de son prisonnier contre le sol, pesant de tout son poid sur les articulation de ses doigts. Doucement, alors que deux d'entre elles cedent sous la pression, Curtis gemis de douleur.

-Vous me cassez les doigts...!!!

Dans un grognement, Fenris, d'un leger mouvement de talon, met fin a l'articulation classique d'une troisieme phallange. Cette fois, Curtis, definitivement terrorisé, mort sa langue jusqu'au sang pour s'empecher de hurler.

-Le mec que tu as abattu va probablement mourir, cracha Fenris...

-Je suis desolé...Pitié, croyez moi, je suis vraiment desolé... Ca fait des mois qu'on n'a pas vu une seule personne, et qu'on entend leurs messages de fous a la radio...

Sans ecouter vraiment, Fenris leve son pistolet sur l'oeil gauche de l'adolescent. Ce n'est que trop tard qu'il entend quelqu'un, derriere lui, armer un fusil que quelques secondes avant il avait sans y pensé jeté vers les fourrés.

-Je m'appelle Karen Wheeler. Et si vous appuyez sur cette détente, je ne pourrais plus rien faire ni pour votre ami ni pour le trou dans votre tete.

**********

4 jours plus tard...La chaleur d'un Foyer.

Fenris ayant finalement accepté de lacher son arme, lui et Karen purent parler, meme si celle ci continua a refuser de baisser son propre fusil avant plusieurs minutes. La balle du jeune chasseur, par miracle, aurait pu ressortir de Justin avec le moins de degats possibles. Dans sa course, elle avait frolée le poumon, rebondie sur une cote qu'elle avait felée et avais finie sa course dans le dos de l'obese, perdue sous la graisse a quelques centimetres a peine de la peau. Curtis, par contre, avait eu l'épaule fracturée en 4 morceaux par le tir de Fenris. Tous deux allongés dans l'une des chambre de la demeure que Karen avait habitée toute sa vie, ils se reposaient, sortis d'affaire l'un comme l'autre...

Dans le calme de l'ancienne demeure d'inspiration victorienne; loin de la route, les tensions etaient retombées. Personne ne mourrait, Tout du moins pas aujourd'hui, avait quelques fois ricané Fenris en regardant Curtis dans le blanc terrifié de ses yeux. Occupés depuis 10 minutes deja a preparer le repas, Russel se tourna vers leur hotesse pour la premiere fois.

-Dr Karen Wheeler...Avec toute cette histoire j'ai oublié de vous demander Docteur en quoi...

-Medecin Generaliste, Mr Duncan.

Au son de ce nom, Russel ne pu s'empecher de sourire...

-Appelez moi Russel, Dr Wheeler...Je crois que vous etes la premiere personne depuis le Carnage a me donner du "Mr Duncan"...

-Appelez moi Karen alors...Dr Wheeler, c'etait le nom de mon pere...

-Laissez moi deviner...Tradition familiale ?

-De pere en fils depuis 1927... N'ayant eu aucun descendant male, le Dr Wheeler decida que je reprendrais le role...

-Ma mere revait de me voir devenir medecin, comme l'etaient mon oncle et mon Grand pere...Fenris vous a parlé de la jambe de Cassandra ? Je sais qu'elle semble guerie mais l'avie d'une professionnelle...

-...J'ai eté voir...Vous avez fait de l'excellent travail avec elle.

-Merci, mais Fenris y'es pour beaucoup...Combien de temps Justin devra t'il rester allongé finalement ? Vos dernieres estimations du jour ?

-Dans deux semaines vous devriez pouvoir reprendre votre route, si vous le desirez. Tout cela est ma faute, j'aurais du empecher Curtis d'aller en reconnaissance...Ces messages a la radio, ca le rendait anxieux, je ne pensait pas qu'il pourrait tomber sur des survivants aussi pret d'ici...

-Longtemps que vous vous occupez de lui ?

-Parfois j'ai la sensation que c'est lui qui s'occupe de moi vous savez... J'etait amie avec sa mere, a l'epoque du lycée. Elle est tombée enceinte, s'est mariée, puis a divorcée...Moi je suis partie faire mes etudes...Quand je suis revenue prendre la succession de mon pere, elle fut la premiere a ouvrir la porte de mon cabinet...

Entrant dans la piece, Fenris et Buster prirent le chemin des etages, leurs derniers bagages sur les bras.

-On vous remercie de nous laisser nous installer, Karen, osa le jeune noir, embarassé par le silence de ses compagnons en pleine invasion.

-C'est la moindre des chose. D'autant que Curtis incapable de bouger, je ne me serait pas vu toute seule...

-Vous etes les deux seuls survivants de la ville ?

-Oui. Les Deux seuls qui aient survecus a leurs blessures en tout cas.

-Vous avez vu d'autre Survivants avant nous ?

-Un motard aux couleurs Sudistes, la Nouvelle Orleans, Glenn Bennett. Il remontait vers Seattle en esperant retrouver sa soeur. Il est resté quelques jours, puis a repris la route.

-Mouais...

Pendant un instant, Karen ne parle plus, semblant hesiter. Finalement, presque a voix basse, elle se retourne sur Russel.

-Vous savez des choses sur le monde ? Est ce que l'Europe a eté touchée ? L'Asie, L'Australie ? L'Afrique ?

-Non, on n'en sais rien...Mais les ondes radios et telés ne fonctionnent plus, a part celles utilisées par...qui vous savez...

-Les centrales nucleaires ? est ce que quelqu'un sais ce qui se passe avec elles ?

-Non...Pour ce qu'on en sais, certaines ont peut etre explosées...

-Mon Dieu...L'eau est peut etre contaminée, la terre impropre a la culture...

-Peut etre, oui, lanca Buster, descendant l'escalier. Mais on peux pas faire autre chose que survivre.

-Comment va Justin, demanda Russel ?

-Fenris vérifie ses bandages.

-Et Curtis ?

-Je vous promet que Fenris ne mettra pas de sel sur ses plaies, Dr Wheeler. Peut etre meme qu'il s'excusera de lui avoir cassé trois doigts.

-J'aurais du accompagner Cassandra et Rose en ville, s'inquieta Karen...Nous n'avons pas debarassés la ville de ses cadavres...

-Vous inquietez pas pour elles, Karen, s'amusa le Noir, lui tendant les carottes qu'il leur restaient a cuire... Nos petites dames sont parfaitement capables de se defendre...

*********

Decembre aux portes de la region, le froid s'etait installé sur la ville. Emmitouflés dans deux vestes de laine epaisse, Rose Russel et Cassandra Sung etaient desormais a mi chemin de chez Karen, Maison qui allait devenir leur refuge pour les semaines a venir, savaient t'elles deja...

Seul avantage a l'arrivée de l'Hiver, pensa Rose, c'est que l'odeur du Carnage se faisait moins presente. Sous l'effet du gel, la Charogne perdait de son omnipresence...

-L'armurerie a eté vidée, annonca Cassie, sortant Rose de ses pensées... Tu pense que Karen et Curtis y sont pour quelques chose ?

-Non, elle dit n'avoir pris que deux fusils, deux modeles dont elles savait que Curtis et elles sauraient se servir...

-Ca pourrait vouloir dire que des gens sont passés apres elle...Des gens qu'elle n'aurait pas vus.

-Peut etre...

-Ou alors qu'elle nous ment, peut etre... Tu en pense quoi ?

-Qu'on lui demandera, mais que d'abord, on en parlera a Fenris.

Le visage de Cassandra s'eclaira d'un sourire discret.

-Je suis contente que tu fasse confiance a Fenris maintenant.

Rose se rapprocha de la jeune fille, et un court instant, l'attira dans ses bras, cherchant a la reconforter. Cassandra, malgres ou a cause de tout ce qu'elle avait pu vivre, etait restée une enfant innocente et fragile, que les desaccords entre Fenris et Rose rendait profondement malheureuse.

Fenris...voila un probleme, pensa Rose... Que penser de lui desormais ? Quelques jours plus tot, elle l'avait vu bondir hors du Camping Car et tenter de proteger Justin...Quelques jours avant encore, elle l'avait vu abattre un homme de sang froid et piller son cadavre, puis sa maison de toutes les munitions et conserves qu'il avait pu y trouver...Elle ne l'aimait toujours pas, bien, sure, et n'y arriverais peut etre jamais, mais lui faire confiance...Il faudrait bien, un jour ou l'autre...

Fenris etait un survivant, un Vrai...Personne peut etre en ce monde n'y avait autant sa place que lui, du t'elle admettre. Et si celui qu'il appelait Krueller etait la moitié de l'homme qu'il etait, le savoir a la tete d'une petite armée de fanatiques n'avais vraiment rien de rassurant...

Arrivant en vue de la demeure familiale Wheeler, Rose s'etonna de ressentir une legere angoisse...Savoir ou etaient passées les armes etait une priorité.

********

Deux heure maintenant que Justin, reveillé dans un lit dont il ne savait rien, et percé d'autant de souffrances qu'il ne pensait en supporter, regardait le plafond d'une maison qu'il ne connaissait pas. Se lever etait hors de question, il le savait, ses rares periodes de conscience durant ces derniers jours lui ayant douloureusement appris qu'il avait survecu, mais que la balle avait effectivement fait son chemin en lui.

La respiration a ses cotés etait celle d'un adolescent, peut etre 16 ans a peine, qu'il n'avais jamais vu avant. Une autre victime du tireur embusqué ? D'une main sans force, il toucha le bandage sur sa poitrine, et fremit de douleur. Peut etre sans le vouloir avait t'il emis un son, car le gamin, semblant sortir de son sommeil, se tourna sur lui.

-Vous etes reveillé ?

-Oui.

-Je m'appelle Curtis.

-Enchanté de te connaitre Curtis, hesita un instant l'obese. Toi aussi tu t'es fait tirer dessus ?

-Oui, Dans l'epaule. Votre Copain Fenris m'a aussi brisé les doigts, mais bon je lui en veux pas.

-Fenris t'as brisé les doigts ?

-Ouais. Mais bon, je vous avait tiré dessus, c'est de bonne guerre...

**********

Assis dans le Camping Car, a quelques dizaines de metres derriere la maison, Fenris, Russel, Buster et Rose discutaient depuis deja presque 10 minutes, laissant a Cassandra le soin d'aider Karen a changer les bandages de leurs deux blessés. Le ton de la discussion etait posé, Pour l'instant tout du moins.

-Et moi je suis pour qu'on se tire, annonca Rose. Je ne reste pas dans une zone ou j'ignore ce qui a pu arriver aux armes.

-Pillage, l'interrompit Russel. Ne te fait pas d'illusion, les Krueller's Bikers sont certainement passés dans le coin.

-Il n'y'a pas de croix gammées en ville, rapella Buster.

-Je sais, mais la ville entiere a eté vidée de ses munitions et de ses armes. Ce n'est pas une recuperation opportuniste, il sagit vraiment d'une fouille minutieuse...

-Russel, ricana Fenris, on va devoir aussi envisager qu'il y'ai peut etre d'autres faction que celles de Krueller.

-Explique ?

-L'histoire des prisons, celle que Justin t'avais raconté, ca tient la route... Il y'a un centre de detention a 40 miles d'ici. On peux se dire qu'il y'a peut etre eu quelques survivants, et que les serrures electriques ont lachées quand la centrale locale est tombée hors tension...

Silence. Au bout de quelques secondes, c'est Russel, presque amusé, qui reprend la parole.

-Genial, donc maintenant, en plus, on aurait des criminels armés en cavale écumants la region...

-Ce n'est qu'une theorie, tenta de le rassurer Buster. N'importe qui a pu faire ca. Un survivant isolé que Kanren et Curtis n'auraient pas vu...

-Justin est reveillé, on peux etre partis dans 3 jours. Je serait assez pour m'eloigner vers la cote Ouest.

-Rose, nous on va dans le Nebraska, l'interrompit Buster.

-Personne ne va nul part, coupa Fenris. Si Karen est d'accord, on reste ici.

-Depuis quand tu es notre chef, Fenris ? cracha Rose.

-Depuis que l'Hivers approche, qu'il va geler du Canada jusqu'a la Floride, et depuis que je suis le seul a avoir eté me promener dans la region avec ma moto.

-Tu as toi meme dit que des pillards agissaient dans la region, Fenris...

-Aucun campement ni mouvement de vehicule, on est dans le trou du cul du monde ici. Les mecs qui ont pillés la ville l'ont fait il y'a des semaines, ils doivent etre loin. Nous sommes a 30 miles des grandes routes, et plus de 100 de toute grande ville, et qui plus est, la baraque de Karen est en dehors de la ville sur une route secondaire. Le premier soir, nous avons couchés a moins de 5mn a pied de chez elle, et on n'a rien vu de la maison.

-Ca ressemble beaucoup a un endroit sure, avoua Buster....Encore faut t'il que Karen accepte qu'on s'intalle.

-Ca ne sera pas un probleme, dit Russell. Elle me l'a proposé il y'a quelques jours. Passer l'Hiver seule la terrifiait.

-Si on reste, il va falloir s'organiser.

-Tu propose quoi, Buster, l'interrogea Rose ?

-Rentrer le generateur, l'essence...Chercher du charbon et des provisions en ville, qu'on evite au maximum de devoir s'y rendre dans les semaines a venir...L'hiver va etre rude, comme l'as dit Fenris, on va devoir se trouver des vetements chauds, des couvertures, des medicaments...

-On va se diviser en deux equipes, continua le Nazi. Rose, Russel et toi, vous irez en ville chercher le necessaire. Privilegiez l'essence et les boites de conserves dans un premier temps...Si vous arrivez a trouver des bouteilles de butane, n'hesitez pas. Vous commencez demain.

-Et toi, s'interrogea Rose ?

-Je vais faire un tour a la grande ville la plus proche. La maison a beau etre isolée des routes principales, nous commencons a manquer dangeureusement de munitions...

******

3 jours etaient passés depuis la derniere discussion secrete du groupe, et si Fenris se preparait toujours au depart, les autres, tout au bonheur d'avoir recuperés un toit, se laissaient aller a une insouciance qu'il trouvait secretement inprudente.

3 jours maintenant que Russel et Buster faisaient l'allé retour en ville, recuperant eau minerale, essence, piles, boites de conserve. D'ici 2 semaines les routes seraient glacées, et la neige commencerais a tomber, rendant tout voyage impraticable.

La cave de Karen etait desormais emplis a ras bord de conserves, de bouteilles, de bidons diverses...Sur l'ordre de Fenris avaient eté descendus du grenier couvertures et pulls longs, manteaux, bottes, tout ce qui pouvait permettre de conserver la chaleur.

Tout devrait normalement aller bien, essaya t'il de se rassurer. Plus de 200 litres d'essence avaient pu etre recuperés. De quoi faire marcher le groupe electrogene et alimenter par là meme les chauffages electriques pendant un petit bout de temps.

Pourtant, il savait que son depart les laisseraient affaiblis. 19 Cartouches pour 3 fusils etaient tout ce qui restait a leur equipe, en oubliant de compter le pistolet vide de Rose. Quand a Karen et le mome, les deux armes en commun, il ne leur restait guere qu'une ou deux boites de munitions. Un moment, Fenris avait envisagé de laisser son propre revolver a ses compagnons, mais avait du abandonner l'idée. Lui meme ne savait pas a quoi allait ressembler son voyage...

Etrangement, seul Buster ne semblait pas prendre la situation a la legere. Il l'avait donc, en prevision de son absence, pris a part dans le Camping Car pour un dernier Briefing.

-Il vous reste encore beaucoup de choses a aller recuperer en ville ?

-Russel et Rose se chargent de recuperer encore quelques litres d'essence, ainsi que les quelques batteries decouvertes dans un garage un peu plus a l'Est. Je continue la chasse aux boites de conserves, piles, eaux minerales...

-Evitez d'allumer les lumieres a la nuit tombée. Faites vous discrets. Rend toi bien compte que pour des pillards potentiels, la maison de Karen est un Fort Knox de ressources en tout genre. Et vous avez vraiment pas assez de munitions pour tenir un siege...Essaye d'organiser les tours de gardes, Toi, Russel, Rose, Karen...Meme Cassie s'il le faut. Une fois qu'il commencera a neiger, n'aller plus en ville. Manquerais plus que vous vous fassiez remarquer a cause de connes empreintes de pneus.

-Tu pense etre de retour dans combien de temps ?

-J'espere avant la neige, je fais juste l'aller retour. Ne serait ce que pour le gibier, en cas de manque de provision, on aura besoin de munitions.

-Rose et Karen estiment qu'on devrait avoir assez de nourriture jusqu'a Fevrier. Mars, en faisant vraiment attention.

-Privilegie l'eau dans les prochains jours, dans ce cas. Une fois que tout sera blanc, la propreté devra se limiter au minimum, ou alors faites bouillir de la neige, tu sais comment faire ?

-Je dois pouvoir y arriver...

-Je suis serieux, Buster...Une fois que l'hiver sera installé, on ne sort plus de la maison qu'en cas de besoins, et on se fait discrets.

-Je sais. Provisions, couvertures, essence...Nous sommes le Fort Knox de la region tu l'as dit...

Il n'y'a pas que ca, murmura Fenris, sans aucun humour...Nous avons 3 femmes, nous avons Cassandra...Et pour ca, je me doute que beaucoup de survivants seraient prets a vous tuer toi et tout ceux qui se mettraient sur leur route...

*******

Fenris etait parti sans un mot pour personne...Son fusil manquait a l'appel, ainsi qu'une dizaine de cartouches... Son pistolet par contre, et la boite de balles qui lui restaient, avaient etés deposés pres du lit de Cassandra, en guise d'au revoir...

-Il n'a presque rien emporté, s'inquieta Cassandra.

-Fenris est capable de se debrouiller, tenta de la rassurer Rose...

Malgres tout ses efforts, la voix de la jeune femme continuait pourtant a trahir une certaine inquietude... 7 jours maintenant, que Fenris etait absent, et aujourd'hui serait certainement leur dernier voyage en ville avant longtemps. Il avait neigé cette nuit, et bien que ca n'ai pas tenu, les nuages gris au dessus d'eux annoncaient deja une tombée plus massive pour les heures a venir...

D'un commun accord, Russel, Rose, Buster et Cassandra etaient decidés a se concentrer exclusivement pour ce dernier voyage sur la recherche de nourriture, conserve, bocaux, tout ce qui n'allait pas arriver a péremption dans les 24 semaines a venir...Certaines boites allaient jusqu'en Septembre de l'année prochaine, avait remarquée Rose... Pour l'hiver prochain, il leur faudrait soit rejoindre des regions plus acceuillantes, soit apprendre a faire leurs propres conserves...

Tout serait a recommencer, avait un jour ricané Russel, toujours plongé dans un livre quelconque...En ce moment, il se passionnait pour un ouvrage de jardinage "Bio". A l'avant du Camping Car, desormais en securité dans le garage attenant la maison, se trouvaient encore quelques lourdes reliures sur l'agriculture et la medecine par les plantes qu'il avait deja prevu de lire, pendant les 3 ou 4 mois de cocooning qui allaient suivre...

Le pire etait peut etre le manque d'eau courante, maintenant qu'ils vivaient de nouveau dans une maison en dure, et non plus en campeurs, le reflexe de tourner les robinets leurs etaient revenus...Curtis, un garcon plein de ressources, etait parvenu a relancer la fosse septique familiale ces derniers mois, et Rose fut heureuse de redecouvrir le plaisir des Wc avec Siege. Pour la Chasse d'eau pourtant, comme pour les lessives et la vaisselle, le systeme restait archaique: La neige, recoltée dehors, puis laissée fondre pour etre rendue a l'etat liquide, ou alors la riviere en contrebas, a quelques 200m, restaient les seuls paliatifs connus a la technologie.

La veille, Buster avait tenu a faire le tour de quelques maisons, a la recherche de lourdes couvertures, edredons et vetements de laine...La matinée avait eté heureuse, dans une maison exempt de tout cadavres, en Centre ville, ou ils avaient trouvés tout le necessaire. Meme dans le cas hypotetique ou le groupe electrogene ne survivrait pas a l'hivers, ils ne mourraient pas de froid.

Un moment Russel avait reflechi a remettre en etat la cheminée de la maison, devenue decorative sur l'impulsion du pere de Karen, mais l'idée n'avait pas eté retenue. La fumée, mieux que tout, aurait attiré d'autres survivants qu'ils n'auraient pas eu moyen de combattre s'ils avaient eté belliqueux.

La television avait eté remise en marche, installée au grenier, de meme que le lecteur DVD. Armé d'une perceuse et de fil electrique, Russel avait installé son propre reseau de distribution d'energie a l'interieur de la demeure, permettant ainsi d'alimenter en electricité chaque piece sans avoir a bouger le groupe electrogene de la cave. Il fut decidé que par soucis d'economie d'energie, seules 2 chambres seraient chauffées. Russel et Buster allerent dormir dans celle des blessés, alors que Rose et Cassandra prirent place dans celle de leur hotesse. Les volets coulissants du premier etage et du rez de chaussez furent baissés laissant la maison dans une penombre bienveillante auxquels tous finiraient d'un commun accord, par s'habituer. La porte d'entrée, solide, fut cadenassée et renforcé par quelques verrous supplementaires.

En moins de dix jours, tout fut en place.

*****

Lorsque Fenris revint finalement cet apres midi là, il cru un court instant que la maison avait eté abandonnée.

Ses nouveaux amis, l'arme a la main, le crurent aussi pendant un instant. Un instant qui ne dura que le temps necessaire au plus grand de porter son regard vers le deuxieme etage et remarquer l'adolescente a la fenetre. Levant son revolver dans sa direction, il desenclencha la securité et appuya sur la gachette.

-Bang, ricana t'il, mimant le geste de tirer de son arme vide. Immediatement, celle de Fenris, objectivement plus lourde, promena contre l'arriere de sa nuque la menage objective de son canon chargé.

-Ne recommence jamais ca, Macon, lacha le nazi d'une voix sans humour. Pas si tu veux vivre.

-J'annoncait notre presence, bredouilla le jeune portoricain. Je deconnais, c'est tout.

-Ne deconne plus jamais.

Alors que la porte s'ouvre, Fenris savait deja qui l'acceuillerais en premier.

-Fenris, hurla heureuse Cassandra, se precipitant sur lui.

Prenant l'adolescente dans ses bras, il regarda Rose passer vivement la porte a sa suite, alors que ses 3 nouveaux compagnons dechargeaient la voiture des nombreuses caisses de munitions.

-On a des invités, lacha t'il a son intention, un sourire qu'on lui connaissait peu sur le visage.

****

Interlude:

Son bras le demangeait, ce qu'il aurait pu trouver drole si celui ci n'avait pas eté absent depuis les premiers jours de Novembre. Le bandage ne saignait plus, les premices inquetants de la gangrene n'avaient pas gagné l'epaule...ca n'en rendait pas l'amputation moins traumatisante, bien entendu, mais se savoir viable etait toujours bon pour le moral.

Allongé dans une chambre qui n'etait pas la sienne, une veste qu'il n'avait pas acheté pour couverture, il se reposait, faute de trouver le sommeil, sa main droite desormais orpheline sur la radio de poche volée dans une Boutique de Cleveland, il passait d'une station a l'autre, sans arriver a capter quoi que ce soit...

4 jours maintenant que les nazis ne parlaient plus, et qu'au lieu de leur propagande, ne restait plus que le gresillement des ondes...

Devait t'il s'en sentir soulagé ou inquiet, il ne savait pas. Dormir, deja quelques heures, serait une bonne chose...Apres, on pourrait voir...

Les yeux sur le mur,Cabeche pensa aux vieux amis, et se demanda si tous avaient peris aussi connement que lui meme avait survecu.

Con de pays. Conne de survie.

Beaucoup de chemin encore, et tant de choses a faire jusqu'a Greeley...

*******

-Macon Alvarez, Reese Clemence et Cole Benz.

-Ou les as tu rencontrés ?

-Ils m'ont doublés sur une route secondaire a 150 miles a l'Est d'ici. Je sortais d'un village, et eux y entraient.

-Ce sont des Soldats ou ils sont juste deguisés?...

-Macon et Cole sont de vrais soldats. Pour ce que j'en sais ils sont les seuls survivants d'une base militaire un peu plus au Nord. Reese est avec eux depuis 3 mois a peu pres. Un ancien flic, il les a aidés a charger des armes dans son truck il y'a 1 mois et ils ont pris la route a la recherche de survivants.

-Une vraie armée, soupira Rose, peu convaincu.

Poussant sa moto a l'interieur, Fenris ferma d'un coup de pied la porte derriere lui, laissant a la jeune femme le soins de verouiller le garage. Depuis leur arrivée, la tempete de neige avait redoublé, effacant deja petit a petit leurs traces sur la route...

-Fenris, l'interrogea t'elle, tu leur fait confiance ?

-Ce sont d'excellents tireurs, ca peux s'averer utile.

-Tu n'as pas repondu a ma question. Tu leur fait confiance ?

Silence...

-Non.

La reponse n'etonna pas Rose. Depuis leur arrivée, Fenris n'avais pas posé son fusil, toujours en bandoulliere. Le jeune homme etait sur ses gardes, et les messes basses qu'il avait echangé avec Buster et Russel quelques minutes auparavant n'avait pas aidé a calmer la paranoia naissante de la jeune femme... Rose regarda le nazi recouvrir sa moto d'une bache, et la ranger dans le coins nord du garage, comme si de rien n'etait, un sourire detendu sur le visage. Pour la premiere fois depuis plusieurs semaines, elle le detesta cordialement.

-Et pourtant tu les as invités a venir ici.

-Oui.

-Sans nous consulter...

-J'etait seul, j'ai pris une decision.

-Tu aurais pu revenir sans eux et nous demander, Fenris...

-J'aurais pu oui, mais je l'ai pas fait.

-Tu aurais du, Fenris.

Pensant avoir le dernier mot, sur le point de remonter vers l'etage tout les deux, Rose vit stopper le Nazi et se retourner sur elle, un sourire forcé sur les levres. De toute evidence, Fenris.

-Ils ont un coffre entier de munition, et les armes qui vont avec. Et plus important encore, articula t'il d'une voix trop calme pour etre rassurante, ils savent mieux tirer que la moitié d'entre vous reunis, Fin de discussion.

-Parce que desormais il nous est interdit de discuter tes ordres, Fenris ? Je n'etait pas invité a ton election, vous vous etes fait ca entre mecs, Russel, Buster et toi ?

Descendant une marche, Fenris forca la jeune femme a revenir sur ses pas, dans le garage..

-Ne soit pas injuste, Rose...

Le ton paternaliste du nazi repenti fut la goutte qui fit deborder le vase.

-Injuste ??? Va te faire foutre...

Consciente d'avoir parlée plus fort qu'elle n'avais voulu, la jeune femme recula vers le fond du garage, obligeant du regard Fenris a la suivre...Bien que leurs rapports se soient ameliorés ces derniers mois, elle ne voulais pas prendre le risque que Cassandra puisse les entendre se disputer.

-Fenris, donne moi une seule bonne raison de les heberger, eux et leurs armes, tenta t'elle de ne pas bégayer, et encore moins hurler de rage...Sois serieux, tu as vu comment le plus grand d'entre eux nous a regardé quand il est entré ? Meme Cassandra, on aurais qu'il la devorais des yeux...

-Macon est un mec bizarre, mais il est pas mechant, je me porte garant qu'il ne tentera rien.

Encore une fois sa voix etait trop calme. Fenris lui meme ne croyais pas en ce qu'il disait.

-Et s'il tentais quelques chose malgres tout ?

-Alors il mourra.

-Comment ca, il mourra ? c'est aussi simple que ca ?

-Oui. Qu'il te touche toi, Cassandra ou Karen, et il meurt avec tout ceux qui envisageraient de le defendre, c'est aussi simple que ca.

Silence... Cette fois il ne mentais pas.

-Fenris, commenca t'elle, d'une voix qu'elle esperait plus calme...Il y'a un probleme ? Pourquoi as tu invité ces gens a nous rejoindre si tu as envisagé un seul instant qu'ils puissent faire du mal a l'un d'entre nous ?

-Parce que j'ai confiance en Cole et Reese, lacha Fenris, presque rassurant...Et aussi parce que ca fait maintenant 4 jours que plus un son ne passe sur aucune radio, Rose...plus un son, et plus une arme ni une munition a moins de 100 miles......Vous arriviez a capter quelques chose ces jours ci ?

-Non, du admettre la jeune femme, presque a contre coeur... Nous mettions cela sur le compte de la tempete...

-Peut etre, mais peut etre pas, grogna le Nazi... 

-Et si ca n'est pas la neige, tu pense a quoi ?

-Je sais pas, Rose, je sais pas si Krueller a cessé de parler ou si on l'as fait taire...Mais je dormirais mieux en sachant Cole et ses potes assis pres des fenetres une arme a portée de main.

-Et tu leur a promis quoi contre leur protection ?

-Ce sont des soldats, des flics, Rose...Proteger et servir...Ce sont les gentils, essaye d'avoir confiance...

-J'espere seulement que nous n'aurons pas a regretter ta decision...

- Je me porte garant je t'ai dit, ricana Fenris, deja a mi chemin de l'escalier. Et si ca peux te rassurer, je dormirais devant votre porte, il devront me tuer avant de tenter quoi que ce soit...

Rose, sans un mot, resta quelques seconde en arriere, les yeux sur la porte de l'etage... Etrange monde que celui ou un skinhead repenti vous protege de l'armée et de la police...

***********

Debout dans une des chambre d'ami, Reese et Cole defaisaient sans grandes convictions leurs quelques bagages dans l'armoire mise a leur disposition. Une vie de militaire n'a que peu d'avantages, pensa Cole, mais au moins on apprend a ne pas s'encombrer avec l'inutile. Quelques ustensiles d'hygiene, le couteau de l'armée suisse de son pere, un livre sur le bricolage a peine entamé en 6 mois de temps...

Pour Reese, pourtant civil, rien de mieux. Si ce n'etait son alliance et une photo de ses deux filles, le pauvre homme ne semblait posseder que son arme, sa radio FM et peut etre son insigne, qu'il n'avait pas abandonné malgres tout ce qu'etait devenu le monde. Macon, occupé a parler a Karen dans le couloir, etait l'exception de leur trio. Quelques magazines pour adultes, des CDs, un lecteur laser et une dynamo pour ses piles rechargeables, sans compter plusieurs paquets de chewing gum, recoltés ici et là. Ce meme Macon avait perdu ses 3 soeurs et son frere dans le Carnage, sa fiancée, son pere... Cole, de son coté, remerciait Dieu chaque jour que sa mere soit morte d'un cancer 5 ans auparavant, qu'elle n'ai pas trouvée la mort comme tant d'autre en pleine folie furieuse...Dans l'ancien monde, il etait un homme seul, que beaucoup a la base plaignaient en secret, entre ses albums de photos et ses permissions qu'il ne prenais pas... Ici, et maintenant, san spersonne a pleurer, il etait peut etre le plus chanceux de tous...

Prenant place pres de la fenetre, il contempla la Neige, regardant les traces de leur arrivée deja presques recouvertes...

Carnage...Que dire d'autre d'un monde ou la guerre ultime et totale de l'homme contre lui meme avait mis fin a des millenaires de diplomatie, de droit, de traités de non agression ? Les lois, les regles, la repression, la civilisation, tout cela etait fini...A la pensée des decennies a venir, debarassées de tout systeme politique et judiciaire, le militaire frisonna d'apprehension...

Reese alluma sa radio, et se promena sur la bande FM, a la recherche d'un signe quelconque.

Rien, confirma t’il d’un geste de la tete, pour le 5eme soir de suite.

Défaisant le haut de son uniforme, Cole enfila l'une des chemise qu'il aimait a porter dans le civil, et qu'il n'avait plus sorti de son sac de voyage depuis la fin du Monde... Puis il ferma les yeux quelques instants, et se surpris a ecouter Macon raconter l'une de ses blagues stupides a cette doctoresse dont le nom lui echappait encore...

Fatigué par le voyage, il s'allongea, et porta toute son attention vers le plafond...

Apres quelques secondes, et une derniere pensée pour les vieux amis, Cole sombra dans le sommeil, ne s'inquietant meme plus de savoir Macon libre de trainer pres de la petite fille...

*******

La premiere rencontre entre Cassandra et Macon se fit dans le salon, vidé de ses foules avachies a cette heure avancée du matin.

La jeune fille, habituée au silence de la nuit, manqua de sursauter a la vue de cette silhouette immobile, eclairée par la seule lumiere d'une lune mourrante.

-Tu ne dors pas ?… Cassandra, c'est ca ? lacha le jeune homme avec un sourire charmeur.

-N..non. J'aime veiller la nuit.

-Comme Fenris…

-Fenris dors, cette nuit. Ca ne lui arrive pas souvent. L’adolescente bredouillait malgres ses efforts, cherchant a ne pas croiser le regard de cet homme qui lui faisait face, calecon et tee shirt pour tout uniforme.

Depuis 5 jours que Fenris etait revenu, Rose, puis Karen, lui avaient demandés expressément de ne pas s’approcher de ce militaire, Macon, qu’elles trouvaient tres bizarre…Lorsqu’il s’avanca vers elle, un sourire plus que carnassier sur le visage, elle s’etonna pourtant de ne ressentir aucun doute, sachant quoi faire si besoin.

Au niveau du canapé, Macon changea de trajectoire, et se dirigea vers l’un des fauteuil, s’installant a peu de distance des pieds de l’adolescente. Partant de ceux ci, il la detailla du regard jusqu'au visage, sur lequel il s'attarda.

-Il dort peu c'est vrai, j'ai remarqué, continua l’homme, sur le ton de la conversation. Et pourtant il est toujours en forme, je me demande quel est son secret. Moi j’ai besoin de mes 9 heures, sinon je trouve meme pas la detente de mon fusil.

L’homme eclata d’un rire clairs et enjoué, qui bien que réprimé, resonna dans le silence tel un coup de tonnerre. Instinctivement, Cassandra reajusta le bas de son pijama et sa couverture, cachant au regard de Macon ses chevilles, ses mollets, et surtout plusieurs de ses cicatrices…

-Jolies marques, murmura l’homme, en rapprochant son fauteuil du canapé. Le mec s’appelais comment, Roger ?

Silence…

-Oui.

-Karen m’a raconté. Pas joli ce qu’il t’a fait. Jamais on devrais faire ca a une mignonne petite demoiselle comme toi.

Surgie comme par magie, la main de Macon se posa sur le visage de l’adolescente, et caressa l’une de ses marque les plus profonde… Cassandra sursauta, puis recula, surprise, se redressant dans le canapé.

-Ne me touchez pas, lacha t’elle avec fermeté.

Immediatement, comme electrocuté, l'homme enleva sa main. La posant sur l'accoudoire, a quelques millimetres seulement du bras nu de l'enfant, il s'approcha encore un peu plus.

Doucement…toujours un peu plus a chaque fois, a chaque mot.

-Tu n’aime pas qu’on te touche ?

-Pas les gens que je ne connais pas.

-Je m’appelle Macon, on pourrais peut etre devenir amis tous les deux…

-Je ne crois pas. Les autres m’ont dis de me mefier de vous.

-Quels autres ?

-Rose. Elle m'a dis de ne pas m'approcher de vous.

-Parce que je pourrais te faire du mal ?

-Parce qu’elle crois que vous pourriez etre mechant.

-T'ai je fait du mal pour l'instant ?

Silence…

-Je pense que Rose ne se serait pas inquietée si vous lui aviez semblé etre quelqu'un de confiance…

-Peut etre, chere demoiselle, mais Fenris a confiance en moi. Qui crois tu le plus, Fenris ou Rose ?

Pendant un instant, Cassandra ne bouge plus, en proie a un doute grandissant. Lorsque son regard se pose de nouveau sur Macon, celui ci n’arbore plus son sourire carnassier, mais s’est encore rapproché de quelques centimetres.

Doucement, il se rapproche…sa chaleur corporelle commence a se faire sentir…recroquevillée dans le canapé, elle ne peux plus reculer…

-Ne me touchez pas, c’est tout, lance t’elle le regard dans le sien. Je pourrais etre obligée de hurler.

-Je ne suis pas le grand mechant loup, jolie chaperon, murmure dans un sourire l’homme, desormais presque agenouillé a ses pieds. Tu devrais apprendre a faire confiance aux inconnus.

-J’apprendrais peut etre, mais en attendant ne me touchez pas. Vous ne voudriez pas que Fenris se reveille, n'est ce pas ?

Cette fois, elle a touchée juste. Macon se fige, et son sourire, disparu, laisse sa place a une expression moins assurée.

Quoi qu'il puisse dire, Fenris le terrifie.

Croisant une derniere fois le regard de l’Adolescente, Macon se releve lentement, frollant "accidentellement ?" de la main une parcelle de peau nue, depassant de la couverture.

Elle le sent fremir, et sourire interieurement, le regard plein de malice…

-Fait de beau reve, Chaperon, murmure Macon en passant la porte.

De nouveau le silence…

Sous la couverture, Cassandra lache finalement le pistolet de Fenris, les doigts blanchis a force d'en serrer la crosse, quelques larmes coulent sur ses joues, alors que jamais ses cicatrices ne lui ont fait aussi mal…

*********

Les jours passent, et la routine s'installe de nouveau peu a peu.

A l'approche de Noel, le Carnage sembla parfois bien loin a Karen, entre les repas, dont s'occupaient desormais Cole et Buster, les parties de flechettes entre Fenris et Macon, et les visites de Curtis, le bras en echarpe, a son nouveau meilleur ami Justin, avec qui il parlait cinema et series TV...

A quelques jours a peine de la totale remission de ce dernier, la Demeure Wheeler etait pleine de rires, de discussions, comme elle ne l'avait plus eté depuis longtemps. Qu'importais finalement ce qu'il se passait au dela des murs, le carnage et les Nazis...Ici, maintenant, Karen etait en paix avec elle meme.

Assise dans son bureau, occupée a trier de vieux dossiers, desormais inutiles, Karen porta a ses levres le café brulant que venais de lui apporter Rose. Max Saunders, 48 ans, pere de deux enfants et fermier... Andy Carpenter, 29 ans, proprietaire du salon de coiffure du centre ville...Janet Green, 44 ans, adjoint du maire...Tous ces gens avaient eté des clients de son pere, puis d'elle meme, pour certains meme ses camarades de classes... Pourquoi ne ressentait t'elle aucune tristesse a les avoir vu mourir ?

Seule Jill, en fait, la mere de Curtis, lui manquait réelement.

Peut etre un choc post traumatique ? Sombrerais t'elle dans le desespoir un de ces jours, sans raison apparente ?

Karen se leva et se dirigea a la fenetre, jetant un oeil au thermometre exterieur...

Tres froid, trop froid, meme pour la region...meme a l'interieur, la temperature n'etait pas excessive en dehors des chambres, finalement, et tous s'etaient remis a porter des pulls...

Le froid avait t'il un rapport avec le Carnage ? Etait ce les premices d'un hivers nucleaire ? Elle n'en savait rien. Mais que savait t'elle finalement de la situation du monde, maintenant que meme les nazis n'occupaient plus les ondes radios ? Les nouveaux venus, Macon, Reese, Cole, n'en savaient pas plus sur l'exterieur que Fenris et les autres a leur arrivée.

La peur de l'inconnu, maintenant que ni la radio ni la televisions ne hurlaient plus les nouvelles du monde... La terreur de ce qui pouvait bien arriver, a a peine quelques heures de route en voiture...

-Je vous derange ?

Perdue dans ses pensées, Karen n'avais pas entendue entrer Buster, et sursauta, répendant son café sur la pile de documents. Elle tenta un instant d'eponger les degats, puis abandonna, consciente du ridicule de sa situation.

Des 30 ou 40 Dossiers desormais trempés, aucun titulaire n'avait survecu. Pour deux d'entre eux, elle avait meme vu leur cadavre pourrissant sur l'avenue principale du centre ville...

Elle jeta tout a la poubelle.

-Je suis desolé Doc, s'excusa l'ancien Guichetier, je pensait pas vous faire peur...

-Ce n'est rien, Buster, entrez je vous prie.

-Pas la peine Docteur, je voulais juste vous dire que le repas serait prêt dans 5 minutes.

-Oh. Tres bien Buster, repondit t'elle dans un sourire, je viens tout de suite.

Se tournant vers la fenetre de nouveau, Karen remarqua qu'il recommencait a neiger…

Quelques part en elle, elle avait esperé un Noel Blanc…Elle allait etre servie.

*******

Il est des choses sur lesquelles on ne transige pas, desolé. Surtout quand deux des données du probleme sont un Nazi potentiellement reconverti et une adolescente qui ne lui cache rien…

D'un regard, Fenris les avaient tous fait s'eloigner dans des directions differentes.

Trop tard, Macon s'etait decouvert seul, en plein centre de la clairiere enneigée un pistolet sur sa tempe, avec pour unique jury un nazi a demi dingue et fredonnant Jingles Bells de la pire facon qu'il avait entendu de sa vie…

Conneries, jusqu'à il y'a 15 secondes, il croyait encore dure comme fer que lui, Fenris, Russel et Buster allaient vraiment a la chasse, histoire d'ameliorer le quotidien. 10 jours pourtant, depuis une certaine nuit, qu'il se demandait quand finalement cette scene, dont il avait tant "revé" finirais par se realiser…

Croyez le ou pas, il aurais plutot imaginé Fenris l'abattre dans la cave, pas en dehors. Le Nazi, pour ce qu'il en avait vu, ne semblait pas outre mesure etre un amoureux des Sports d'Hiver…

D'instinct, le soldat etait tombé a genou, les jambes et les mains dans la neige. Si l'armée lui avait appris a tuer, elle lui avait aussi enseignée a se comporter face au froid du canon d'une arme a feu sur la nuque.

Reflexe Pavlovien, aurait dit la doctoresse.

Surpris de ne pas encore etre mort au bout de 10 secondes, Macon tourna la tete vers son assassin, soudainement curieux de son avenir…

-Tu crois me faire peur, Fenris ?

-Ca n'est pas le cas ?

-Si. Je me fait dessus, t'imagine…

De chaque coté du flingue, chacun laissa echapper un ricanement qui en d'autres circonstances, aurait pu etre le debut d'une amitié Virile comme tous les deux les aimaient.

Seul soucis, le flingue et ses 6 amis a haute teneur en plomb, peu receptifs a l'Humour.

-Je veux juste discuter, Macon. Ou je peux te fliguer, au choix.

-Je prefererais parler.

-Cassandra.

-Je lui aurais pas fait de mal.

-Je dois te croire ?

-Pourquoi pas ?

-J'ai discuté avec Cole. Tu le remerciera, c'est lui qui m'a convaincu de te parler plutot que de colorer la neige avec ta cervelle.

Silence…

-Je les aiment jeunes, c'est vrai…

A l'arriere de sa nuque, le militaire devine le doigt de Fenris se crisper sur la gachette. S'il doit parler, c'est maintenant.

-Je les aiment tres jeune…avant le Carnage, je me faisait soigner pour ca. Psychiatres, medicaments…Je ne suis jamais passé a l'acte. J'ai vu Cassandra et d'un coup, le manque de medecine s'est vraiment fait sentir…

Hors camera, Fenris laissa echapper un ricanement sinistre.

-Donne moi une bonne raison de te laisser en vie, Macon…Essaye en une meilleur que le manque d'aspirine, s'il te plais.

Macon respira un grand coup, et d'une voix voulue claire, joua sa derniere carte.

-Releve ma chemise.

Bingo, derriere le militaire, Fenris relacha toute pression sur la detente, legerement destabilisé. Des milles choses a dire dans une telle situation, il n'avait jamais envisagée celle ci.

-Releve ma chemise, Fenris, implora presque Macon, entre agacement et embryon de terreur.

Au bout de quelqeus secondes, prenant finalement de vitesse le nazi, Macon releva dans un seul geste son manteau, son pull, et les deux epaisseurs de chemise qui le protegeaient du froid. A demi nu dans la neige, il laissa Fenris admirer le spectacle, plus parlant que la meilleure plaidoirie qu'il aurait pu imaginer.

-Ceinture, cigarettes, commenta t'il a l'intention de son assassin potentiel, mais aussi fer a souder, a repasser, flechettes de bar, mon pere etait imaginatif, et j'etait sa salle de jeu preferée. Jusqu'a l'age de 6 ans, je pensait que sucer la bite de son pere et de ses copains de bureau c'etait normal. Puis mes sœurs sont nées, et là il a du trouver d'autres facon de s'amuser…A 17 ans je me suis cassé a l'armée en mentant sur mon age, et j'ai entrepris les demarches pour faire envoyer mes sœurs et mon frere dans des familles d'acceuil. Tout ca pour devoir admettre a 22 ans que j'etait un sale pervers moi aussi.

Fenris baissa son arme, ne sachant quoi dire. Pendant un court instant, les yeux fermés, dans la clairiere vide, Macon se demande s'il est deja mort…

-Releve toi Macon.

Le jeune militaire s'executa, et plongea son regard dans celui du Nazi. Une vraie ambiance de mec, pensa t'il un moment plaisanter.

-Tu veux savoir si ta petite copine me plais Fenris ? Oui, t'imagine pas a quel point. Est ce que je lui ferais du mal ? Non, parce je suis une encyclopedie de la souffrance, que j'ai vu ses jambes et que j'ai la sensation qu'elle en as deja assez bavée. Je suis un malade, pas un Monstre…

Le bras de Fenris se releva, et le flingue se retrouva cette fois ci a l'avant de la tete du militaire, quelques part entre les sourcils.

-Tente seulement de la toucher, regarde là trop longtemps, et tu es mort.

-C'est un bon deal.

Silence…

-Rhabille toi et reprend ton arme. On à a chasser pour ce soir, j'ai promis des lapins a Karen.

Tournant le dos a Macon, Fenris lui laissa le temps de rassembler ses affaires avant de sonner le rappel de leurs compagnons d'un sifflement sacadé.

Passant devant lui, Buster lui jeta un regard qui cachait mal son mepris pour le nazi, et plus encore pour ses methodes de relations humaines.

Fenris, interieurement, ricana. Si Buster s'offusquait des 10 dernieres minutes, ses projets a venir risquaient fort de lui deplairent aussi…

 ******

Pour voir les heros en Micro-Heros...c'est là

 

A suivre...un jour, en librairie ?

En tout cas je ferai smon possible :D ;)

 

mailto:sunder@tiscali.fr