Chapitre 1: Oldsmobile...

Il etait une fois....

Une histoire demente, comme il s'en raconte beaucoup aux gosses, le soir avant d'aller se coucher. Une histoire comme j'en racontais a mes soeurs, les soirs ou je rentrait assez tot pour diner con la familia.

Une histoire comme je m'en serait marré si je l'avait vu dans X-Files, un coca frais a porté de main et la tete de mi hermana Clara sur l'epaule...

J'sais meme pas par ou commencer, mais j'ai franchement besoin d'en parler a quelqu'un..de laisser une trace crite de toutes ces conneries...

Je m'appelle Normal Esteban Benitez. Esteban comme le Padre qui a marié mes parents, Normal comme mon parrain, Normal Stone, cadre d'entreprise qui aida ma mere a accoucher prematurement, quand elle bossait encore dans les locaux de la Kurosawa Alchemy de San Diego.

Le genre de truc qui s'invente pas.

Jusqu'a il y'a peu encore, ma vie etait normale, elle aussi, arf arf arf...

Je bossait comme peintre en carosserie dans un garage de Los Angeles, je vivais toujours chez mes parents, mais je gagnait du blé a faire ce qui me plaisait, ce qui est pas le cas de todo el mundo.

Grosso modo, j'avais la belle vie.

-J'ai soif...

-On s'arrete a la prochaine station, Artie, promis.

-T'as deja dis ca y'a 30 Miles, Norm. Et si ta Bagnole a pas besoin d'un plein, moi j'ai besoin d'une vidange.

Poesie...Grace...

Los compadres a mes cotés s'appellent Richard Arthuro, et la nina aux remarques si elegantes et a si jolies nalgas, sur le siege arriere, s'appelle Rena Szekelei. Tous deux etaient etudiants en comptabilité et informatique a l'UCLA. Ils ont tout abandonnés pour me suivre.

C'est mes meilleurs amis

Ou des cons, j'ai pas encore decidé...

La caisse ou sont posées nos fesses est une Oldsmobile Super 88 de 1951. Un moteur V8, 135 cv...Bleu metalisé, je l'ai payé 10000$. Une affaire, vu l'etat impeccable. On aurait dit que les proprios ne s'en etaient jamais servi.

J'ai eu un poster de cette caisse pendant toute mon adolescence, au dessus de mon lit. Personne peux imaginer a quel point j'en revait.

10 semaines que je l'ai acheté. Y'a pas un matin ou je ne m'en mord pas les doigts.

10 semaines que je peux plus voir Aladdin sans avoir envie de peter la cassette a la batte de base-ball.

Mais je m'egare. Autant commencer par le debut...

Respire...

Calme...

J'ai un secret a vous dire.

Le genie de la Lampe existe.

Les trois vœux aussi.

Manque de pot, il est pas bleu, n'a pas la voix de Robin Williams, et a ce que j'en sais, il est pas joyeux joyeux.

Santa Maria, je crois meme pas ce que je vient de dire...

Pour ce que j'en sais, tout commence en 1953.

Menville Jackson est un voyou en ce temps là. Un braqueur de stations service en Californie, amateur de filles faciles et de biere canadienne. Comment il entre en possession de la lampe magique, ca reste un mystere pour tout le monde.

3 voeux.

Pas la paix dans le monde, l'immortalité, ou la fin de la Guerre froide, j'crois meme pas qu'il y'ai pensé une seconde. Menville est un voleur amateur, doublé d'un con professionnel, ses voeux sont plus simple. Tant mieux pour le monde, peut etre, il est le premier en 1000 ans a entrer en sa possession.

Le dernier mec a provoqué les Croisades...

Donc, d'apres ce que j'ai appris, ses voeux, c'est a peu pres ca.

Que sa caisse ne tombe jamais en panne.

Que son flingue ne tombe jamais en rade.

Et que toutes les nanas soient a ses pieds.

Claquement de doigts, éxaucé.

Et c'est la que ca commence a merder..

Menville disparait en 1957. Personne n'a vraiment su ce qui lui etait arrivé. On a jamais retrouvé son cadavre, il a simplement cessé d'etre là, pouf, comme ca.

L'année d'apres, sa voiture est rachetée par Olivia Stone, qui la possede jusqu'en 1970.

Vient ensuite Rachel Jones, jusqu'en 1976.

Cynthia Carrey, jusqu'en 1980

Anna Judd, jusqu'en 1990.

Loretta Williams, jusqu'en 1997.

Puis finalement Kathie Stuart, a qui je l'ai racheté, le sourire au levres.

Que des nanas. Vous commencez a comprendre ?

Appelez ca predestination, comme Clara, ou hasard, comme Artie, mais j'ai eté le premier mec a posseder cette voiture en presque un demi siecle.

J'ai peut etre eté le premier humain a soulever les fauteuils, pour en verifier l'etat, en un demi Siecle.

Surement le premier a decouvrir le flingue, coincé dans le cuir.

Et a n'en pas douter le premier a l'empoigner, histoire d'en regarder l'etat.

Que du bol, je vous dis...

Coincé dans le tableau de bord, se trouvait aussi un message. Au debut, j'ai cru a une blague stupide. Je me rapelle encore de chaque mot du debut.

Toi qui est assis dans ma voiture, qui a touché mon arme, et qui lit ces mots, sache que tu est condamné par la malediction de l'American Playboy.

J'ai cru a une blague. J'ai chiffonné le message sans le lire plus loin, je l'ai balancé dans une poubelle, et je suis rentré chez moi.

J'ai cru a une blague pendant exactement 7 heures. Jusqu'au moment ou ma soeur adoptive Clara a fait son entrée dans ma chambre, entierement nue.

J'ai failli crever quand elle s'est approchée de mon lit. J'ai jamais couru plus vite de toute ma vie.

Ce soir là, j'allait dormir chez Richie. Je n'etait pas là depuis 2 heures que sa mere commencait a me caresser les cheveux d'une facon tres bizarre...

Depuis 67 jours, je dors dans ma voiture. Il semble que l'Oldsmobile fasse paratonnere a la malediction. Le siege arriere est confortable, on s'habitue a tout.

Toujours mieux que l'hotel du premier soir, et les nanas du voisinage, grattantes et gemissantes a ma porte. Essayez de dormir dans ces conditions, surtout lorsqu'elles commencent a faire des trucs salaces, et mechamment bruyant...

JE vous passe les details... Jenny in the Bottle a de l'humour, c'est deja ca.

En 10 semaines, j'ai eu le temps d'apprendre quelques trucs sur ma malediction.

2 minutes. Apres experientation, il semble que ce soit le temps maximum cumulé que je puisse rester avec une personne du sexe opposé sur 24h avant que la magie ne commence a faire son effet. Ensuite, il faut entre 3 minutes et 4 heures pour que l'attirance se transforme en folie nymphomaniaque, selon les individus, et presque le double pour que cela cesse d'etre trop visible. La malediction epargne les gens de mon sang, Dieu merci, mi abuela nuda dans ma chambre, j'aurait hurlé. Clara etant adoptée, je suis condamnée a pas la voir. C'est peut etre ca qui me manque le plus, ma p'tite soeur...

15-60 ans. Il semble que ce soit la tranche d'age touchée par mon pouvoir. Detail amusant, meme les lesbiennes semblent perdre leur inhibition en ma presence. Detail moins amusant, les gays souleveurs de fonte aussi, et certains sont salement entreprenants...

Il existe cependant des nanas a qui je ne fasse pas le moindre effet. Rena fait partie de celles là. On cherche encore a comprendre pourquoi. Sa theorie du "t'es qu'une lopette du Tiers Monde Sud-Americain, j'ai vu des truc morts sur la route qui me faisaient plus d'effet que toi" ne me convainc pas.

Dans le retroviseur, je la regarde, branchée sur son ordinateur portable.

Rena est une fille du clan Szekelei, des Gitans Slovaques, survivants des camps de concentration, et immigrés aux USA. Elle a tiré de sa famille paternelle sa chevelure Corbeau, un caractere de sanglier et une passion pour le paranormal et les legendes. De sa mere Irlandaise, elle a tiré sa resistance a l'alcool, son gout pour la bagarre, et le vocabulaire de charettier qui fait tant son charme. C'est elle, qui par ses recherches sur Internet, m'a appris tout ce que je sais de Menville.

C'est aussi elle qui la premiere, a proposée qu'on parte a la recherche d'un moyen de me guérir...

Ce truc là, c'etait y'a 2 semaines...16 jours exactement. En terme de temps, presque deux mois apres le debut de la galere, 9 jours apres ma demission, la femme et la fille de Jack, mon patron, commencant toutes deux a me regarder bizarrement depuis quelques temps.

"Le monde est emplie de magie, Normie...Pour chaque malediction, il est sa guerison, ses talismans, son contre sortilege..."

Mouais, pas convaincu Normie...

A coté de moi se trouve mon meilleur ami, Richard Arthuro, dit Artie, adepte de philosophie et plaisantin bizarre. Lui et moi on se connais depuis l' enfance, nos peres, pompiers, ayant passés leur vie dans la meme brigade. Il y'a 8 ans, il m'a sauvé de la noyade, et m'a ramenée a la vie alors que j'avait assez de liquide dans les poumon pour jouer les matelas a eau. Depuis il est mon protecteur. J'aurais pas envisagé ce voyage s'il n'etait pas venu, honnetement.

-Station service a 10 miles, Normalito mon pote...

-Je te cacherais pas que j'aimerais atteindre l'Utah avant la nuit, Artie...

-Et moi je te dit que tu va t'arreter vite, Normie, a moins que tu veuille changée ta caisse en toilettes publiques...

La douce voix feminine et melodieuse de Rena. Lorsqu'elle use de cette intonation, m'a appris l'experience, l'obeissance devient l'idée du siecle...

A peine suis je garé, a peine mes companeros sont t'ils aller vaquer a leurs occupations qu'un gosse sort en courant de la station service. On le croirait sorti d'une peinture de Norman Rockwell, avec un petit coté Huckleberry Finn indefinissable. Immediatement, il me parrait sympathique.

-Je vous fait le plein, m'sieur ?

-Pas la peine, ca ira.

-Vous feriez mieux de prendre un peu d'essence, M'sieur, on est la derniere station avant le desert.

-On a ce qu'il faut, merci...

...la magie a pourvu a ca, je manque de rajouter.

Pendant quelques secondes, le gosse reste là, sans bouger, a coté de la voiture, les yeux plongés dans l'eclat du soleil sur la peinture...

-Vous venez de Californie ?

-Ouais.

-Los Angeles ?

-Ouais.

-Super voiture que vous avez là, M'sieur. Une Oldsmobile, c'est ca ?

-Ouais, modele 51.

-Et vous allez ou ?

Voila une bonne question.

A New York, vit un mec dans Central Park qui joue aux echecs et connait la vie de ses adversaire rien qu'en touchant les pieces qu'ils ont manoeuvrés. Rena dit que s'il touche la bagnole, il pourra peut etre nous apprendre des trucs.

A Chicago, Rena a entendu parler d'un gosse autiste de Chinatown qui parle par enigmes, et donne les reponses a nos questions sous forme de haikus.

A la Nouvelle Orleans vit une femme appelée Mama Doll, extralucide et pretresse Vaudou.

Et tant d'autres pistes...

En attendant, on va au pif, de grandes villes en grandes villes. Selon Rena, la magie attire la magie. L'aventures, un moment ou un autre, viendra a nous sans qu'on ai a courir apres. Quelle est notre prochaine etape, deja ? Ah oui...

-Salt Lake City

-Wow, c'est loin...

-Ouais...

Alors que revient Artie, les bras chargés de nourritures et de canettes, le gosse se tire dans un sourire, me faisant un signe de la main. Alors que Rena monte dans la voiture a son tour, et que je demarre, je l'entend, une derniere fois, hurler quelques chose a notre attention.

-Et faites attention aux yeux rouges du desert !!!

Gosse sympa...

Heu...

Il vient de dire quoi, là ?

*****

Chapitre 2: L'Hotel.

-Salt Lake City, 400 Miles...

-Salt Lake City, dont le nom est si joli que deux fois on le dit...

-C'est New York City, Artie...New York, New York, ca te dis rien ? Lisa Minnelli ?

-Je sais Rena, c'etait pour la rime, rabat joie. On sera jamais a SLC avant la nuit, Normal...

-Y'a a craindre, vieux... On est parti pour dormir dans la voiture, cette nuit

Une autre particularité de ma voiture, la magie qui fait qu'elle roule s'estompe a la nuit. J'vous dis, le destin est bon avec moi...

-Je refuse de dormir dans ta caisse une nuit de plus, Normal. Y'a bien un motel quelques part? fait un effort.

-Sure, Rena, attend, je me concentre, il va apparaitre...

-T'es nul en sarcasme, Norm...

-Qu'est ce que tu veux que je te dise ? Je les invente pas, moi, les motels !

-Oh, tu me parle pas sur ce ton !

Quelques jours deja que l'ambiance est tendue, dans la caisse, depuis la fin de notre trip en Californie du Sud.

Plusieurs jours de recherche pour retrouver l'un des fils de Rachel Jones, en vain. Karl etait mort en 1989, d'un Cancer foudroyant, William l'avait suivit de peu, en 1992, tué dans un accident de voiture. Leur enfants n'avaient rien pu nous apprendre sur la voiture que l'on ne connaissait deja. Le Moral etait a Zero, alors qu'on foncait sur Salt Lake dans l'espoir vain de rencontrer la hermana de Cynthia Carey. Apres ca, en route vers la cote Est, nous resterais a rencontrer Anna Judd, vivant a Cleveland. Jusqu'a present, nous renseigner aupres des anciens proprietaires n'avait servis a rien, mais Rena continuait a y croire...Un peu. Elle avait beaucoup attendu de ces rencontres, et ca la minait interieurement.

Respirer, rester cool, ne pas se facher avec elle, de toute facon, c'est moi qui perdrait, et qui finirait par regretter.

-Excuse moi, amiga, j'aurais pas du te parler comme ca.

-C'est rien, Normal, on est tous a cran, toi, moi, Rena...

Echange de regards entre Rena et Artie... Communication visuelle, parfois plus parlante que les jeux de langues...

...enfin, je me comprend.

-On a besoin d'une vraie nuit dans un vrai lit les mecs...D'une douche, un repas chaud...

-Pas pour moi Rena. Moi je bouge pas de la caisse.

-J'peux te jurer que tu va bouger, Norm, t'as besoin d'une douche. Ta voiture commence a sentir ta chambre, j'te promet...

Sarcasme, dissimulant comme souvent mal son inquietude pour moi.

Rena est la meilleure amie de Clara depuis le bac a sable, peut etre la seule relation non amoureuse stable que j'ai jamais connue a ma soeur. Dans notre petit voyage, elle est les yeux et les oreilles de mi hermana, la presence aimante, malgres sa nature hargneuse et imperceptiblement terroriste. Rena a beau le nier, elle est notre ange gardien dans notre aventure, a moi et Artie.

Sur le tableau de bord, se trouve la photo de Clara, et mon coeur se serre: ma soeur, meilleure amie de Rena et amour secret (croit t'il) d'Artie... Si la malediction n'avait posé probleme, elle serait venu avec nous.

Heureusement reste le net, le telephone, la webcam...L'une des raison pour laquelle j'ai acceptée que Rena encombre ma banquette arriere de son matos de Geek...

Truc cool dans la merde qu'es ma vie, la malediction est pas multimedia. Le son, la video, la magie aime pas le numerique.

-Le soleil se couche dans 20 minutes, Norm...

-Je sais Artie. Je vais essayer de trouver un motel, une ville, quelques chose...

-November Creek, 15 Miles...

-T'es sure de ton truc, Rena ?

-Tu tourne a l'embranchement, dans 4 miles, Gauche toute. Les cartes Internet sont formelles. November Creek, 3000 habitants.

-Donc 1500 femmes par pure logique... Flippant. J'aimerais autant eviter un autre Emerville, les foules nues devant mes fenetres, c'est moyen moyen...

-Y'a souvent des motels en bordures, dans ces coin là. On ira en eclaireurs avant toi Rena et moi, vieux, flippe pas. Si y'a le moindre probleme, tu quitte pas la caisse, promis. Mais reconnais que t'es crevé et que t'as besoin d'une grosse nuit...

J'aurais eu du mal a mentir. Entre 500 et 800 miles par jour, meme a deux conducteurs, dormir sur des sieges de voitures, meme confortables...

-Okay, donc Emerville 2, le retour, t'es sure de ton coup, Rena ?

-November Creek, Normal , et je suis sure de la direction comme de ma premiere culotte, Sale Mexicain.

Interieurement, je sourit. Je croit que sans nos petites joutes orales, ca ferait longtemps que je serait devenu dingue...

-Que demande le peuple, alors...

*******

Le motel, de l'exterieur, etait minable au possible, un arret pour Roaders et Routiers claqués.

Tant mieux. En general, pas l'endroit ou on emmene des chicas, alors que la ville est a 2 miles...

L'interieur etait tel que je l'avait craint., moche et sentant un peu le renfermé. Neanmoins, les lits etaient confortable.

Je pris celui de gauche, laissant le plus proche de l'entrée a Artie. Mieux vallait ne pas tenter le diable.

Lui sous la douche, Rena occupée a defaire ses valises dans sa propre chambre, je decidait d'aller chercher quelques affaires dans la voiture.

A peine avait je fait quelques pas que...

-Salut, je m'appelle Sandy...

Et m...

Je me retournait, sachant deja a quoi m'attendre. Je la vis s'humecter les levres, me sourire, m'envoyer autant de signaux corporels qu'elle arrivait a en produire. Le processus de seduction etait en marche.

Courageusement, je fit semblant de ne pas la voir, et repris mon chemin vers le coffre.

-Et toi, c'est quoi ton nom ?

Je ne repondis toujours pas. Tant que je n'ai pas lié parole, le processus de seduction s'opere lentement. De meme, j'essayais de ne pas croiser son regard.

Ce que je detestais ca.

Mon sac sur l'epaule, je m'ecartait d'elle rapidement et me dirigeait vers ma chambre.

Il n'y'a pas 10 secondes que je suis a l'interieur qu'elle frappe a ma porte.

Artie, comme a chaque fois, est aux frontieres de l'hilarité.

-Tu veux que j'aille ouvrir ?

-Ouais. Je vais attendre dans la salle de bain, moi.

Voila ou en est ma vie...

Assis sur le plastique du couvercle des WC, j'attend que mon meilleur ami fasse se tirer une nana de devant ma porte, en esperant qu'elle ne cherche pas, comme c'est deja arrivé, a entrer de force.

Apres plus de 10 minutes a essayer de ne pas respirer trop fort, je vois Artie revenir me chercher, m'indiquant que je peux sortir.

Par la fenetre, je vois Sandy, appuyée sur ma voiture, l'air pensive. La routine habituelle, quoi.

-C'etait une determinée, celle là.

-J'ai l'impression que ca agit de plus en plus vite, Artie...

-Ca depend des nanas, tu observera. Celle la doit etre deja un peu nympho a la base. T'as vu comment elle s'habillait ?

-Demain matin on se tire avant le lever du soleil. Tu vas prevenir Rena.

-Ecoute, tu te doutais bien que ca arriverais, stresse pas pour c...

-Regarde par la fenetre, Art.

-Quoi ?

-Regarde par la fenetre, Art...

Lentement il se retourne.

-Okay, vieux, on se tire mega tôt demain matin...

Tirant le rideau, Artie croise le regard de Sandy, le visage collé a la fenetre...

La Nuit est calme, malgres ses gemissements, derriere la porte...Un bruit que je commence a trop bien connaitre...

Je ne peux plus supporter ca.

*********

Comme toujours, Artie est le premier levé, deja occupé a refaire son lit, et a guetter par la fenetre le moindre probleme de nature "femelle".

-Quelques chose a signaler ?

-Rien, Normal. Sandy a abandonné vers deux heures du matin, apres avoir gémie sur le pallier avec force et passion.

-J'ai entendu...

-Je pense que meme Rena a entendu, parce que c'est elle qui l'a fait taire.

-Elle est sorti lui parler ?

-Chloroforme. Au moins pourra t'on partir tranquille sans qu'elle s'accroche a nos roues, celle là.

-Tu deconne ? Ou elle a trouvé du chloroforme ?

-Elle a acheté ca il y'a 3 jours, pendant notre arret a Jayville. Elle s'est dit que contre les cas les plus irreductibles, ca pourrait s'averer utile.

-OK...J'ai peur de demander, mais elle en a fait quoi apres ?

Silence gené. Je connais assez Artie pour savoir que ce n'est pas tres rassurant.

-Art, elle est encore allongée devant la porte, c'est ca ?

-Fait attention a ne pas te prendre les pieds dedans quand tu sortira, Norm.

**************

50 miles que le silence regne dans la voiture. Artie est au volant, Rena dans ses ordinateurs... Moi, comme souvent, je pense trop.

Des Sandy, j'en croise 200 par semaines. J'en ai 50 devant ma porte des que je dors dans un hotel. J'entre dans une epicerie, et la caissiere m'offre son chemisier en meme temps que mes courses. Ma derniere entrée dans un cinema a provoqué une veritable emeute.Il n'y'a qu'en voiture, enfermé dans l'habitacle, que je soit en liberté.

Paradoxe...

De nous 3, Rena est la seule a prendre la situation de facon pragmatique. Son sac deborde de bombe anti agression, de fumigenes, maintenant de chloroforme... Avec son aide, pendant des semaines, j'ai essayé de trouvé un moyen d'empecher les femmes de s'interesser a moi. Tout y'est passé. Vetements amples a capuche, cachant mon visage, neutralisateurs d'odeurs, sprays, bombes, sticks larges, et autres conneries, meme les pires, comme cet extrait de glande de putois. On arrive pas a trouver par ou passe la magie.

Quand j'ai donné ma demission, Jack m'a filé une avance non negligeable sur salaire, ce qu'il appelle une invitation a revenir.

"J'capte rien a pourquoi tu te casse, Benitez, mais si tu decide de revenir, y'aura toujours une place pour toi."

Rena me dis de pas m'inquieter pour le fric, que c'est tout sauf un probleme pour nous. Je n'aime pas son sourire quand elle dit ca, c'est signe qu...

-Hey, un autostoppeur !

La voix d'Artie me reveille mieux qu'un seau d'eau froide. Rena, a l'arriere, grogne prematurement, comme souvent.

-Il est a 200 metres, on le prend ?

-Tu oublie ca, Art'. On ne prend pas d'Autostoppeurs, c'est tout.

-On le prend, Rena.

Dans le retroviseur, son regard croise le mien, interrogateur. Alors qu' Artie entame la procedure de ralentissement, elle ne comprend toujours pas.

-T'est du coté de Saint Richard, toi maintenant ?

La voiture s'arrete. Artie, le premier, est surpris par ce que moi meme je n'ai vu qu'au dernier moment.

-Regarde la tronche de l'autostoppeur, Rena.

A Suivre ?

 sunder@tiscali.fr