Vendredi 21.

Cher Journal...

Roberto est reparti ce matin pour le Bresil...

Le Professeur n'a rien pu empecher. Selon Mr DaCosta Pere, le fait que son fils controle desormais son pouvoir est bien assez suffisant, il n'y'a pas besoin d'en apprendre plus. Peut etre est t'il en droit d'agir ainsi, mais j'aurais aimé entendre l'avis de Roberto a ce sujet.

Une bonne partie de la matinée, j'ai vu Samuel errer dans l'ecole, ne sachant plus trop quoi faire de son temps libre. J'ai souvent trouvé etrange cette amitié qui liait Guthrie et le Bresillien, l'un pauvre, l'autre riche, l'un ainé d'une famille nombreuse, l'autre fils unique...Orphelin de pere pour Samuel, tué dans l'effondrement d'une mine dans le Kentucky, orphelin de mere pour Roberto, tuée par des terroristes opposés aux operation de son pere dans la foret equatoriale...

Meme si je ne l'aimait pas beaucoup, Roberto me manquera...

L'entrainement de ce matin, pour Cyclope comme pour Ororo, ne s'est pas eternisé, faute d'etudiants. Roberto parti, Tabitha et Samuel exemptés pour la journée, ne restait guere que Jaimie, Rahne, Bobby, Malicia et Jubilee, parmis les grandes sections...

Pres de dix etudiants ont quittés l'ecole, depuis l'attaque de Stricker...Beaucoup de parents n'ont pas aimés voir leurs enfants melés a un kidnapping paramilitaire, ce qui est comprehensible. S'il n'y'avais eu que ma mere, je serait moi meme reparti pour Londre il y'a deux semaines...Heureusement Brian etait parvenu a interceder en ma faveur...

Disposant de temps, Scott a demandé au Professeur s'il pouvait me prendre en entrainement une part de l'apres midi.

Tout a commencé a ce moment là.

Tout d'abord, Cela a failli ne pas se faire…Je devrais vraiment racheter une montre…

Mise en retard par Piotr, j'arrivait essouflée dans la salle 5 pour decouvrir Jaimie, dans le coin gauche du gymnase, un sourire machiavelique sur le visage.

-Une telepathe n'est jamais aveugle, Elisabeth, me lanca Scott, de l'amusement dans la voix. Penetre l'esprit de la foule, voit par ses yeux, et essaye de m'echapper pendant plus de 5 minutes...

Je restait perplexe, alors qu'il me bandais les yeux.

-Euh....Quelles foule, Scott ?

Dans mon dos, je le devinais sourire. Lorsque retenti dans la piece un bruit malheureusement familier, je comprenais enfin.

Deux jours avant, je les avaient surpris a discuter, dans le salon. Je comprenais maintenant pourquoi Maddrox m'avait evité ces deux derniers jours.

Jaimie Maddrox, le garcon multiple, avait envahit la salle de ses clones. Au signal donné, je scannait la foule, a la recherche de Scott.

Rien.

-Un casque anti-telepathie, Betsy Beth, me murmura l'un des Jaimie. Maintenant, il n'y'a plus que moi dont tu puisse lire les pensées.

Perspective enthousiasmante...

Sous le bandeau, je fermait les yeux, et me concentrait. Une marée de pensée me submergea, toutes communes a Jaimie. Souvenirs d'enfance, paroles et musiques de chansons, images de films ou de bd...

Scott avait bien pensé son coup. Ne pouvant me fier aux pensées de surfaces, je transferait mon attention vers le centre optique de la memoire, et passait en revue touts les regards de l'endroit. Apres quelques secondes, je captait finalement la presence de Scott dans 14 champs visuels, sans parvenir pour l'instant a le situer.

Finalement, je me vit, de dos, dans le regard d'un des Maddrox, alors que Scott venait de le froler.

Il etait derriere moi.

Je frappait d'instinct vers l'arriere, et le ratait de beaucoup, gené par la foule des Maddrox.

Je l'entendis respirer, et tentais de frapper en direction de sa poitrine. Il me bloqua le bras.

Je me retrouvais contre lui. Il s'amusait, j'etait furieuse....

Quelques secondes passerent… Sous le masque, je rouvrais les yeux. Son souffle, son parfum, son coeur battant a travers le tissu, presque au rythme du mien...Finalement, il me relachais. Quelques secondes trop tard, helas, son etreinte, notre etreinte, s'etait trop prolongée pour paraitre innocente, meme avec la meilleur volonté du monde.

Sans un mot, il renvoya un Maddrox hilare et complice, restant seul avec moi. Je ne me debattait pas, ne cherchait pas a me delivrer de son emprise. De son coté, lui non plus ne chercha pas a me relacher.

Volontairement ou non, son esprit s'ouvrit, pour la premiere fois sans barrieres, Scott Summers face a moi…Je coulait en lui… et tombait face a la Jean de son souvenir…

Dieu qu'elle etait belle…Belle a n'en pouvoir detourner le regard…Belle a en vouloir mourir…

Tant de souvenirs…Tant d'amour que j'en etouffait, et n'echappait a l'abandon qu'au prix d'un dernier effort de volonté.

Je mis quelques secondes a reprendre mes esprits…Quelques autres encore a sentir finalement les levres de Scott sur les miennes…

Je cessait de reflechir, ne voulant pas imaginer qui de nous deux Jean ou moi, il enlacait. J'avais tellement revé de cet instant que je priait de ne jamais le voir cesser. Qu'il pense a Jea

Finalement, ses levres quitterent les miennes, et le froid de son absence me traversa. Avec avoir gouté a son esprit, a ses bras, a sa chaleur, me savoir de nouveau toute seule etait un deuil insurmontable.

Il ne me regarda pas lorsque je retirais mon bandeau.

Sans un mot, il se dirigea vers la sortie. Je murmurait son nom, alors que son esprit se refermait au mien.

-Scott...

Il s'arreta, me tournant toujours le dos.

Je restait petrifiée moi aussi.

Avait t'il senti mon intrusion, au plus profond de lui ?…

-Scott, je suis desolée...

Je le vis sortir, et ne bougeait pas...

Le reste de l'apres midi se passa comme un reve, entre l'excitation de ce premier contact et la honte de mon intrusion telepathique…Qu'une porte soit ouverte signifie t'il qu'on ai le droit de rentrer ? A qui parler de ca ? Le Professeur ?

Poussé par la soif, peu apres minuit, je me rend a la cuisine, comme souvent a cette heure...

Il est là.

Le nez dans un livre, il ne leve pas le regard sur moi. J'ai tellement honte, que je baisse les yeux moi aussi.

-Scott...je...je voulais vous dire...

Silence...je n'y arrive pas. Comment...quoi lui dire...

-Tu devrais etre couchée, Elisabeth...

Il ne leve toujours pas son regard sur moi. Pourtant sa voix est douce, amicale...Cela m'intrigue, alors qu'une seconde avant, j'etait prete a m'enfuire vers ma chambre pour pleurer de honte.

-J'avais soif, je suis venue a la cuisine...

Sans un mot, je le vois se lever, et se diriger vers le frigo. Je le suis du regard...

-Goyave, c'est ca ?

-O...oui.

Se retournant, Scott me tend ma canette. Se rasseyant, je le vois ouvrir la sienne, et ne peux m'empecher d'intervenir ...

-Scott, c'est de la goyave...

Relevant le visage vers moi, je le vois hesiter a rire, alors qu'il porte l'objet a ses levres...

-Ca vous plait ?

-C'est... differents.

-Vous n'aimez pas ?

-Je n'ai pas dis ca.

Pendant un court instant, je le regarde, devinant un regard malicieux sous les lunettes de Quart Rubis.

Alors qu'il ouvre de nouveau la bouche, je sais qu'il joue avec moi. Je sais aussi, qu'a ce jeu là, il ne gagnera pas.

-Il me semble que je t'avais dit quelques chose, a propos de ta tenue, commence t'il.

L'occasion est trop belle.

-Vous m'avez dit qu'elle etait jolie, Scott...

Cette fois, je souris. Je l'ai destabilisé. Secretement, je sent qu'il aime ca.

-Je t'ai dis aussi qu'une chemise de nuit ne serait pas superflue...

Une boucle de mes cheveux glisse sur mon epaule...je le sent la suivre du regard....

-Cela gacherais l'effet, Mr Summers...

Cette fois, son regard rencontre le mien. Je le vois se lever, se preparant a sortir sans un mot, vaincu...

-C'est vrai, lache, t'il, passant la porte.

Ce soir, encore une fois incapable de dormir, j'ignore tout de ce que sons les jours a venir, de ce que cela peux augurer...Mais je n'ai jamais eté aussi heureuse....

A Suivre ?...